Leçons d'onde/4

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Leçon 4 : les attitudinaux

Un autre concept qui peut être peu familier aux locuteurs français est celui des attitudinaux. Les attitudinaux sont des mots qui expriment les émotions directement. Le principe des attitudinaux puise son origine dans la langue construite "féministe" le Láadan, et était supposée permettre de vraies émotions féminines. L'idée était que l'expression d'émotions féminines était entravée par les langages à dominance masculine, et que si seulement il leur était possible de s'exprimer plus librement, ceci donnerait du pouvoir aux femmes en les libérant du langage.

En lojban, il n'y a pas un tel programme, et les attitudinaux ont plus sûrement été introduits dans le langage du fait qu'ils sont incroyablement expressifs et utiles. Ils ont une grammaire dite « libre », ce qui signifie qu'ils peuvent apparaître quasiment n'importe où dans un bridi sans perturber la grammaire du bridi, ou quelconque construction grammaticale.

Dans la grammaire lojban, un attitudinal s'applique au mot précédent. Si ce mot précédent débute une construction (comme « .i » ou « lo »), l'attitudinal s'applique à la construction entière. De la même manière, si l'attitudinal suit un mot qui termine une construction, comme « ku », il s'applique à la construction terminée.

Prenons deux attitudinaux pour créer quelques exemples :

ui = attitudinal : émotion pure et simple : joie - tristesse
za'a = attitudinal : évidentiel : j'observe directement

Remarquez que dans la définition de ui, prononcé "oui", deux émotions sont indiquées : joie et tristesse. Ceci signifie que ui est défini comme la joie, tandis que sa « négation » signifie la tristesse. « Négation » est peut-être le mauvais terme ici. En pratique, la seconde définition de ui est une autre construction, ui nai se prononçant "oui naille". La plupart du temps, la seconde définition de l'attitudinal – celle suffixée par nai – est vraiment la négation de l'attitudinal seul. Parfois, pas tant que ça.

nai = (divers) négation : attaché à un attitudinal, change la signification de l'attitudinal en sa « négation ».

Et quelques selbri de plus, juste comme ça :

citka = x1 mange x2
plise = x1 est une pomme de race/espèce x2

La phrase « do citka lo plise ku ui » signifie « Tu manges une pomme, youpi ! » (exprimant surtout que c'est la pomme qui fait plaisir au locuteur, pas l'ingestion, ni le fait que c'était vous). Dans la phrase « do za'a citka lo plise ku », le locuteur observe directement que c'est bien « toi » qui mange la pomme, et pas quelqu'un d'autre.

Si un attitudinal est placé au début du bridi, il s'applique à un « .i », explicite ou implicite, s'appliquant ainsi au bridi entier :

ui za'a do dunda lo plise ku mi – « Youpi, je vois que tu me donnes une pomme ! »

mi vecnu ui nai lo zdani ku – « Je vends (et ça craint) une maison. »

Essayez avec quelques exemples. Mais avant, voici quelques attitudinaux supplémentaires :

.u'u = attitudinal : émotion pure et simple : culpabilité - absence de remords - innocence.
.oi = attitudinal : émotion pure et complexe : complainte - plaisir.
iu = attitudinal : émotion diverse pure : amour - haine.

Qu'avons-nous là ? Un mot est défini par trois émotions ! L'émotion du milieu est accédée en suffixant l'attitudinal par « cu'i ». Elle est considérée comme le « point médian » d'une émotion.

cu'i = scalaire du point médian de l'attitudinal : s'attache à un attitudinal pour changer sa signification en le « point médian » de l'émotion.

Essayez de dire « Je donne quelque chose à un allemand, que j'aime (l'allemand) »

Réponse : « mi dunda fi lo dotco ku iu » ou zo'e au lieu de fi

Maintenant, « Aah, je mange une pomme jaune. »

Réponse: « .oi nai mi citka lo pelxu plise ku »

Prenons un autre attitudinal d'un genre différent pour illustrer quelque chose de particulier :

.ei = Attitudinal : émotion propositionnelle complexe : obligation - liberté.

Donc, simplement, « Je dois donner la pomme » est « mi dunda .ei lo plise ku », non ? Oui ! Quand on y pense, c'est bizarre… Pourquoi tous les autres attitudinaux que nous avons étudiés jusqu'ici expriment les sentiments du locuteur à propos du bridi, mais celui-ci change la signification du bridi ? De manière certaine, en disant « Je dois donner la pomme », on ne précise pas si la pomme est ou non donnée. Pourtant, si j'avais utilisé .ui, j'aurais déclaré avoir donné la pomme, et que ça me rendait heureux. Alors…?

Ce problème, ou pour être exact, comment un attitudinal modifie la condition pour laquelle un bridi est vrai, est sujet à un débat mineur. La règle officielle du « manuel », qui ne sera probablement pas changée, est qu'il existe une distinction entre les émotions « pures » et les émotions « propositionnelle ». Seules les émotions propositionnelles peuvent changer la condition de vérité, tandis que les émotions pures n'en sont pas capables. Pour exprimer un attitudinal d'émotion propositionnelle sans changer la valeur de vérité du bridi, vous pouvez juste le séparer du bridi avec .i. Il y a aussi un mot pour conserver ou changer de manière explicite la condition de vérité d'un bridi :

da'i = attitudinal : discursif : en supposant - en fait

Dire da'i dans un bridi change la condition de vérité en hypothétique, ce qui est l'usage par défaut d'un attitudinal propositionnel. Dire da'i nai change la condition de vérité en normal, ce qui est l'usage par défaut d'un attitudinal pur.

Donc, quelles sont les deux manières de dire « je dois donner une pomme ? » (et s'en sentir obligé)

Réponse : mi dunda lo plise ku .i .ei et mi dunda da'i nai .ei lo plise ku

dai = modificateur d'attitudinal : empathie (attribue un attitudinal à une autre personne non spécifiée)

Le « sentiment » d'un attitudinal peut être assigné à quelqu'un d'autre en utilisant « dai ». En général, dans un discours normal, l'attitudinal est assigné à celui qui écoute, mais ce n'est pas obligatoire. Aussi, parce que le mot est connoté comme « empathique » (ressentir les émotions des autres), certains lojbanistes supposent à tort que l'orateur doit partager les émotions assignées aux autres.

Exemple : « .u'i .oi dai citka ti » – « Ha ha, ça a été mangé ! Ça a dû faire mal ! »

Quelle expression courante peut signifier « .oi .u'i dai »?

Réponse : “Aïe, très drôle.”

Et un autre pour tester vos connaissances : tentez de traduire « Il culpabilisait d'avoir vendu sa maison » (souvenez-vous, le temps est implicite et n'a pas besoin d'être spécifié. « Il » peut aussi être évident dans le contexte).

Réponse : u'u dai vecnu lo zdani ku


Enfin, l'intensité d'un attitudinal peut être précisée avec certains mots. Ils peuvent être utilisés après un attidudinal, y compris quand ce dernier a nai ou cu'i en suffixe. Ce qui arrive est moins clair quand ils sont attachés à d'autres mots, comme un selbri : c'est généralement compris comme intensifiant ou affaiblissant le selbri d'une manière non spécifiée.

<tab class=wikitable> Modificateur Intensité cai Extrême sai Fort (none) Non spécifié (moyen) ru'e Faible </tab>

Quelle émotion est exprimée avec .u'i nai sai ?

.u'i: attitudinal: émotion pure et simple : amusement - ennui

Réponse : Fort ennui

Et comment pourriez-vous exprimer que vous n'avez pas trop de remords ?

Réponse : .u'u cu'i ru'e

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