Leçons d'onde

From Lojban
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Rédigées par la klaku, avec l'aide de lojbanistes variés. Basée sur le travail de la .kribacr. Printemps 2013.

Traduites de l'anglais vers le français par Daeldir, lomicmenes et la communauté de duolingo.com (merci en particulier à gourlaouen).

Préface

Ces leçons sont une tentative de développer les « Leçons de Google Wave », un excellent didacticiel consacré au lojban, écrit par kribacr, xalbo, et d'autres, qui, hélas, ne couvrait que les quatres premiers chapitres du présent didacticiel. Il traite des règles les plus récentes du lojban, qui ne sont pas couvertes par de plus anciens cours tels que « What is Lojban? », et « Lojban for Beginners ».

Si le lojban est totalement nouveau pour vous, je vous recommande d'écouter tout les enregistrements de lojban parlé que vous pourrez trouver, tant avant que pendant la lecture de ce didacticiel, afin de vous familiariser avec les sons et les mots du langage. De plus, essayez de prononcer ce que vous lisez avec l'accent lojban si vous le pouvez. Ceci vous aidera à prononcer le lojban.

En suivant ce didacticiel, il est conseillé de prendre des pauses entre les leçons afin de digérer ce que vous avez appris. J'ai essayé de construire ces leçons du simple au complexe, et d'exclure tout mot ou concept qui n'a pas été expliqué dans les leçon précédente. Une fois expliqués, ils sont utilisés librement tout au long du reste du didacticiel. J'exhorte le lecteur à ne pas faire l'impasse sur un contenu incompris : si vous avez une question ou n'êtes pas certains d'une chose, n'ayez pas de complexe à demander à la communauté lojban, qui peut être trouvée sur #lojban sur le réseau IRC Freenode, ou sur la [[email protected] mailing-list]. Elle sera heureuse d'aider.

Dans ce didacticiel, le texte en lojban est écrit en gras. Les mots empruntés du lojban au français ne sont toutefois pas soumis à cette emphase. Les réponses des exercices sont affichées comme une barre grise. Sélectionnez cette barre pour voir le texte.

Enfin, j'ai autant que possible essayé d'utiliser les mots du lojban pour désigner les constructions grammaticales – sumka'i au lieu de pro-sumti, sumtcita au lieu de modal, et jufra au lieu d'énoncé – parce que j'ai l'impression que les mots français sont souvent soit arbitraires – juste des mots en plus à apprendre –, soit trompeurs – donc pire qu'inutiles. Dans les deux cas, puisque ces mots sont de toute façon spécifiques à l'apprentissage du lojban, il n'ont pas de raison d'exister comme des mots français distinct.

Leçons de lojban – leçon zéro. Sons

La première chose à faire quand vous apprenez une langue étrangère est de vous familiariser avec les sons du langage et leur écriture. Il en va de même pour le lojban. Heureusement, les sons du lojban (phonèmes) sont plutôt simples.

Voyelles

Il y a six voyelles en lojban.

<tab class=wikitable> a comme dans « papa » e comme dans « bergère » i comme dans « machine » o comme dans « oméga », « automobile » u comme dans « ou », « loup » y comme dans « matelot » </tab>

La sixième voyelle, y, est appelée un schwa en linguistique. C'est un « e » très léger, non accentué, juste milieu entre le « e » marseillais (« mateulot ») et le « e » muet parisien (« mat'lot »).

Deux voyelles ensemble sont prononcées comme un son (diphtongue). Par exemple :

<tab class=wikitable> ai comme dans « canaille » au comme dans « caoutchouc » ei comme dans « soleil » oi comme dans « goy » ia comme dans « piano » ie comme dans « pierre » iu comme dans « sioux » ua comme dans « quoi » ue comme dans « couette » uo comme dans « statu quo » ui comme dans « oui » </tab>

Les voyelles doublées sont rares. Les seuls exemples sont ii, prononcé comme dans « failli », et uu, prononcé comme dans « Ouhou ! » (quand on appelle quelqu'un, mais pas comme dans « Houhou » : dans le premier exemple, le h est muet, dans le deuxième, le h est aspiré – ce qui se transcrirait en lojban u'u)

Consonnes

La plupart des consonnes sont les mêmes qu'en français, à quelque exceptions près :

<tab class=wikitable> g se prononce toujours comme dans « gâteau », jamais comme dans « genoux » (on utilise alors le « j ») s se prononce toujours comme dans « serpent », jamais comme dans « rose » (on utilise alors le « z ») c se prononce ch, comme dans « chateau » x se prononce comme dans l'allemand « Bach », l'espagnol « Jose » ou l'arabe « Khaled » r se prononce comme dans « arrivederci ». « r » accepte beaucoup de prononciations (à la française, à l'anglaise…) mais la prononciation italienne (r roulé) est préférée </tab>

Le lojban n'utilise pas les caractères « H », « Q » ou « W », et il n'y a pas de caractères accentués en lojban.

Caractères spéciaux

Le lojban ne requiert aucune ponctuation, mais certain caractères, habituellement utilisés comme ponctuation dans d'autres langues, affectent la manière dont le lojban est prononcé.

Le seul de ces caractères qui soit obligatoire en lojban est l'apostrophe. En fait, l'apostrophe est considérée comme une lettre du lojban. Une apostrophe sépare deux voyelles, empêchant celles-ci d'être prononcées ensemble comme une diphtongue. Elle est elle même prononcée comme un « h » (le « h » de « maharadja », pas celui de « haricot »). Par exemple, « ui » est normalement prononcé comme « oui », mais « u'i » est prononcé comme « ou-hi ».

Un point est une courte pause évitant à deux mots de se confondre l'un dans l'autre. Les règles du lojban rendent facile la fusion de deux mots quand le second commence par une voyelle, et donc, par convention, chaque mot commençant par une voyelle est précédé par un point (les mots finissant par un « y » sont aussi suivit par un point). Le point est ce qu'on appelle un « coup de glotte », justement cette fois-ci, équivalent au « h » de « haricot ».

Les virgules sont rare en lojban, mais peuvent être utilisées pour empêcher deux voyelles de se fondre l'une dans l'autre quand vous ne voulez pas utiliser d'apostrophe, ce qui ajouterais un « h » entre elles. Aucun mot lojban n'a de virgule, mais elle est parfois utilisée dans l'écriture des noms d'autres langues. Par exemple, « no,el. » (Noël), au lieu de « noel. » (qui ressemble alors à « mlle »), « no.el. » (No; Elle), ou « no'el » (No-hell).

Les lettres capitales ne sont normalement pas utilisées en lojban. Nous les utilisons dans des mots non lojban (comme « Pierre »), quand l'accent tonique d'un mot est différent de celui de la norme lojban. La norme consiste à mettre un accent tonique sur l'avant dernière syllabe. Par exemple, kujmikce (infirmière), est « kujMIKce », et non pas « KUJmikce ». Le nom « Juliette » s'écrirait « juLIET. » si prononcé comme en français, mais « DJUli,et. » si prononcé comme en anglais.

Alphabet

Dans la plupart des manuels, lors de l'apprentissage d'une langue, vous apprenez l'alphabet du langage, et sa prononciation. Les lettres (lerfu) étant plus importantes en lojban qu'à l'accoutumée, autant apprendre leur noms rapidement.

Les consonnes sont simples : le nom d'une consonne est cette lettre, suivie de « y ». Ainsi, les consonnes du lojban, « b », « c », « d », « f », « g »… sont appelées « by. » (beu), « cy. » (cheu), « dy. » (deu), « fy. » (feu), « gy. » (gueu)… en lojban (en utilisant un point, comme décrit dans la partie précédente).

Les voyelles seraient appelées « .ay », « .ey », « .iy »…, si c'était moins difficile à prononcer. Au lieu de ça, elles sont nommée en suivant le son de la voyelle par le mot bu, qui signifie simplement « lettre ». Ainsi, les voyelles du lojban sont : « .abu » (abou), « .ebu » (aibou), « .ibu » (ibou), « .obu » (aubou), « .ubu » (oubou), « .ybu » (eubou).

L'apostrophe est considérée comme une vrai lettre en lojban, et est nommée « .y'y. » (« euheu »… Un peu comme une petite toux).

Le lojban a un moyen de se référer à la plupart des lettres auxquelles vous pouvez penser. Si vous désirez dès maintenant épeler votre nom en lojban, et que celui ci possède un « H », « Q » ou « W », vous pouvez utiliser « .y'y.bu », « ky.bu » et « vy.bu ». Ainsi, « Schwarzenegger » est épelé en lojban :

sy. cy. .y'y.bu vy.bu. .abu ry. zy. .ebu ny. .ebu gy. gy. .ebu ry.

Et épeler ça est une tâche digne du Terminator !

Maintenant, épelez votre nom en lojban (le cas échéant, de la manière la plus proche que vous pouvez avec les 26 lettres que nous venons d'apprendre, et l'apostrophe).

Prononciation « correcte »

Cette page est à la fois une traduction de la version anglaise, et une adaptation aux problèmes rencontrés par les francophones plutot que par les anglophones. Par manque d'expérience dans l'enseignement du lojban à des francophones, cette partie peut donc manquer de conseils ou rester inadaptée, voire confuse. N'hésitez pas à demander sur la [[email protected] mailing-list] francophone si vous avez un problème – ceci pourrait nous aider à améliorer cette page !


Vous n'avez pas à avoir une prononciation précise du lojban, car chaque phonème est distribué de manière à ce qu'il soit difficile de confondre deux sons. Ceci signifie que, pour une lettre, plutôt qu'une prononciation « correcte », il y a une gamme de sons acceptés – le principe général étant qu'un son est bon tant qu'il ne ressemble pas trop à une autre lettre. Par exemple, le « r » lojban peut être prononcé comme en anglais, italien, français…

Cependant, bien que le « r » français soit considéré comme un « r », celui-ci est aussi proche du « x » lojban. Pour comprendre la différence entre ces deux sons, observez la différence entre le son « d » et le son « t » : l'un est vocalisé, l'autre non. La même distinction s'opère entre le « r » français et le « x ». Je vous conseille donc d'opter pour un « r » moins ambigu. Concernant le « r » roulé, deux prononciations sont possible : le « r » espagnol, situé à l'avant du palais, et un « r » plus proche de la gorge, comme celui d'Edith Piaf. Choisissez la prononciation qui vous pose le moins de problème, tant qu'elle ne se confond pas avec une autre lettre du lojban.

Faites aussi attention à bien appuyer les voyelles – mis à part le « y » qui doit être court. La raison en est que les voyelles « non-lojban » peuvent être utilisées pour séparer les consonnes par les personnes qui n'arrivent pas à les prononcer. Par exemple, si vous avez un problème avec le « zd » de « zdani » (maison), vous pouvez dire « zɪdani », avec un « ɪ » très court, mais le « i » final long.

Noms lojban (cmevla)

Out of sync!


Dans les films où les protagonistes n'ont pas de langue commune, ils commencent souvent par dire des choses telles que « Moi Tarzan », ce qui est une manière comme une autre de débuter en lojban. Et donc :

mi'e .rafael.

« Je-suis-nommé Rafael »

« Je suis Rafael »

mi'e est apparenté à mi, qui signifie « moi », « je »… C'est un bon exemple de l'apostrope séparant deux voyelles, prononcé « mi hai ».

Ce Rafael est chanceux : son nom se transcrit directement en lojban, sans changement. Il y a toutefois des règles pour les noms lojban, ce qui signifie que certains noms doivent êtres « lojbanisés ». Cela peut sembler étrange. Après tout, un nom est un nom… En fait, tout les langages font ce genre d'adapation à un certain niveau. Par exemple, les anglais tendent à prononcer « Jose » comme « Hozay », et « Margaret » devient « Magelita » en chinois.

Prenons le nom « Cyril ». Si Cyril essaye d'imiter Rafael, les lojbanistes vont l'appeler « cheuril », ce qui n'est pas très joli. Ici, le « C » est en fait un « s », et le « y » un « i ». Cyril devient, en lojban, « .siril. ».

Certains sons n'existent pas dans certains langages. Ainsi, la première chose à faire est de réécrire votre nom de manière à ce qu'il ne contienne que des sons lojban, et soit écrit comme un mot lojban.

En français, Robin se prononce « raubain ». Et « ain » n'existe pas en lojban. Généralement, on utilisera le « n » pour obtenir la nasalisation. Ainsi, Robin s'écrira « .robin. », Jean « .jan. », et Dupond « .dupon. ». Notez aussi que dans ce dernier cas, le « u » sera prononcé « ou » : « douponne ». Comme le prononcerait un italien !

La langue d'origine du nom est aussi importante : un Michael français transcrira son nom « .mikael. », mais un Michael anglais transcrira son nom « .maikyl. », ou « .maik,l ». Ou encore, pour Robin, en anglais, les voyelles anglaises et américaines sont assez différentes. Le Robin anglais peut être raisonnablement approximé par « .robin. », mais la version américaine est plus proche de « .rabyn. » ou « .rab,n. ». Et à l'intérieur d'un même pays, de nombreuses variations sont possibles. Aussi devriez vous prendre les transliterations données ici avec des pincettes.

Notez aussi que pour les noms de villes, par exemple, on préférera la version locale du nom à la version française. Ainsi, Londre ne sera pas transcrit « .londr. », mais « .london. », et Belgrade sera « .beograd. » plutôt que « .belgrad. ».

Vous avez peut-être noté les deux points qui apparaissent dans chaque nom lojban… Ceux-ci sont nécessaires car sans pause, il peut être difficile de savoir quand le mot précédent finit, et quand le mot suivant débute.

Vous devriez aussi placer un point entre le nom et le prénom d'une personne (bien que ce ne soit pas obligatoire). Ainsi, « Joseph Benard » devient « .jozef.benar. ».

Une règle importante dans la lojbanisation des noms est que la dernière lettre d'un cmevla (nom lojban) doit toujours être une consonne. Encore, ceci a pour but d'éviter la confusion quant à savoir où est la fin d'un mot, et si un mot est ou n'est pas un nom (tout les autres mot lojban finissant par une voyelle). Dans le cas où un mot finit par une voyelle, « s » est souvent ajouté à la fin. Ainsi, « Marie » devient en lojban « .maris. », « Joe » devient « .djos. », et ainsi de suite. Une alternative consiste à supprimer la dernière voyelle, « Marie » devenant « .mar. ».

Une dernière chose : comme nous l'avons vu, l'accent tonique des mots lojban est situé sur l'avant dernière syllabe. Si l'accent tonique d'un nom se trouve ailleurs, des lettres majuscules sont utilisées. Ceci signifie que le nom « Robert » sera écrit différemment suivant qu'il soit anglais ou français : « .roBER. » en français, « .robyt. » en anglais et « .rab,rt. » en américain.

Afin de vous donner une idée de comment tout ceci fonctionne, voici une liste de noms de quelque personnages célèbres dans leur propre langue et en lojban.

Exercice :

Où sont ces lieux ?

  1. .nu,IORK.
  2. .romas.
  3. .xavanas.
  4. .kardif.
  5. .beidjin.
  6. .ANkaras.
  7. .ALbekerkis.
  8. .vankuver.
  9. .keiptaun.
  10. .taibeis.
  11. .bon.
  12. .diliys.
  13. .nis.
  14. .atinas.
  15. .lidz.
  16. .xelsinkis.

Réponses:

  1. New York: États-Unis d'Amérique
  2. Rome: Italie
  3. Havana: Cuba
  4. Cardiff: Pays de Galles (Le gallois pour « Cardiff » est « Caerdydd », se qui se lojbaniserait comme « .kairdyd. ».)
  5. Beijing: Chine
  6. Ankara: Turkie
  7. Albequerque: Nouveau-Mexique, États-Unis d'Amérique
  8. Vancouver: Canada
  9. Cape Town: Afrique du sud
  10. Taipei: Taiwan (Note : on utilise « b », et non « p ». Bien qu'en fait, le b en Pinyin soit prononcé p… Mais nous ne sommes pas dans un cours de mandarin !)
  11. Bonn: Allemagne
  12. Delhi: Inde (L'hindi pour « Delhi » est « Dillî », ce qui donne « .diliys. » ou « .dili'is. ».)
  13. Nice: France
  14. Athens: Grèce (« Athina » en grecque)
  15. Leeds: Angleterre
  16. Helsinki: Finlande

Exercise :

Lojbanisez les noms suivant :

  1. John
  2. Melissa
  3. Amanda
  4. Matthew
  5. Mathieu
  6. Michael
  7. David Bowie
  8. Jane Austen
  9. William Shakespeare
  10. Sigourney Weaver
  11. Richard Nixon
  12. Istanbul (indice : les turcs prononcent "Stamboul")
  13. Madrid
  14. Tokyo
  15. San Salvador

Réponses :

Il y a souvent d'autres épellations pour les noms, soit parce que les gens prononcent l'original différemment, soit parce que le son exact n'existe pas en lojban, et que l'on doit choisir entre deux lettres. Ce n'est pas important, du moment que tout le monde sait de qui ou quoi vous parlez.

  1. .djon. (ou .djan. avec certains accents, et parfois .jon. en français)
  2. .melisas. (.melisys. en anglais)
  3. .amandas. (En anglais, suivant les accents, le « a » final peut être un « y », de même pour le « a » initial, et le « a » du milieu peut être un « e ».)
  4. .matius.
  5. .maTIYS.
  6. .mikael. (.maikyl. ou .maik,l. en anglais.)
  7. .deivyd.bau,is. ou .bo,is. (pas .bu,is. — ce serait alors le couteau Bowie)
  8. .djein.ostin.
  9. .uiliam.cekspir.
  10. .sigornis.uivyr. ou .sygornis.uivyr.
  11. .ritcyrd.niksyn.
  12. .stabul.
  13. .maDRID.
  14. .tokios.
  15. .san.salvaDOR. (avec l'accent tonique espagnol)

Leçons

Leçons de lojban – leçon un (bridi, jufra, sumti et selbri)

Un bridi est le type d'expression le plus couramment rencontré en lojban. Le concept est très proche des propositions, dans la grammaire française. Un bridi est une déclaration qu'un objet est en relation avec un autre, ou que cet objet possède certaines propriétés. Il est a contraster avec les jufra, qui représentent n'importe quelle expression lojbane, que ce soit des bridi ou d'autres types de phrases. La différence entre un bridi et un jufra est qu'un jufra ne spécifie pas forcément quelque chose, mais un bridi le fait. Ainsi, un bridi peut être vrai ou faux, mais un jufra peut ne pas être qualifié de la sorte.

Pour avoir quelques exemples, en français pour commencer, « Mozart était le meilleur musicien de tout les temps » est un bridi, parce qu'il déclare quelque chose comme vrai, et qu'il implique un objet, Mozart, et une propriété, être le plus grand musicien de tout les temps. Au contraire, « Aïe ! Mon orteil ! » n'est pas un bridi, puisqu'il n'implique pas de relation, et ne déclare donc rien. Ces deux phrases sont toutefois des jufra.

Essayez d'identifier les bridi parmi ces jufra français :

  1. « Je déteste quand tu fais ça. »
  2. « Cours ! »
  3. « Mmmh ! Ça semble délicieux. »
  4. « Oh non, pas encore… »
  5. « Maintenant, je possède trois voitures. »
  6. « Huit heures et dix-neuf minutes. »
  7. « Ce samedi, oui. »

Réponse : 1, 3 et 5 sont des bridi. 2 ne contient pas d'objet, et les autres ne contiennent pas de relation ni de déclarent de propriétés.

Décomposé en termes lojban, un bridi est constitué d'un selbri, et d'un ou plusieurs sumti. Le selbri est la relation ou déclaration à propos des objets, et les sumti sont les objets impliqués dans la relation. Notez que « objet » n'est pas une traduction parfaite de « sumti », parce qu'un sumti peut se référer autant à un objet physique qu'à des choses purement abstraites comme « l'idée de la guerre ». Une meilleure traduction serait quelque chose comme « sujet, objet direct ou indirect » pour les sumti, et « verbe » pour les selbri, bien que, comme nous le verrons plus tard, ce n'est pas non plus optimal.

Nous pouvons maintenant écrire notre première leçon importante :

bridi = selbri + un ou plusieurs sumti

Dit d'une autre manière, un bridi définit qu'un ou plusieurs sumti sont/font quelque chose expliqué par un selbri.

Identifiez l'équivalent des sumti et du selbri dans ces jufra français :

« Je vais récupérer mes filles avec ma voiture. »

Réponse : selbri: « vais récupérer (avec) ». sumti: « Je », « mes filles », « ma voiture »

« Il a acheté cinq nouveaux shirts à Mark pour à peine deux-cent euros ! »

Réponse : selbri: « a acheté (à) (pour) » sumti: « Il », « cinq nouveau shirts », « Mark » et « deux-cent euros »

Puisque ces concepts sont si fondamentaux en lojban, regardons un troisième exemple :

« Jusqu'à maintenant, l'EPA n'a rien fait à propos de la quantité de dioxyde de soufre. »

Réponse : selbri: « a fait (à propos de) » sumti: « l'EPA », « rien » et « la quantité de dioxyde de soufre »

Maintenant, essayez de créer des bridi en lojban. Pour cela, vous aurez besoin de mots, qui peuvent faire office de selbri :

dunda x1 donne x2 à x3 (sans paiement)

pelxu x1 est jaune

zdani x1 est une maison de x2

Notez que ces mots, « donner », « jaune » et « maison », seraient considérés comme un verbe, un adjectif et un nom, respectivement. En lojban, il n'y a pas ces catégories, et donc pas de distinction. dunda peut être traduit par « donner » (un verbe), « un donneur » (nom), « donnant » (adjectif), ou même comme un adverbe. Ils se comportent tous comme des selbri, et sont utilisés de la même manière.

Vous aurez aussi besoin de quelque mots, qui feront office de sumti :

mi « moi », « je » ou « nous » – Celui ou ceux qui parle/parlent.

ti « ceci » – Une chose ou un évènement proche, qui peut être pointé par le locuteur.

do « tu » ou « vous » – Celui où ceux à qui l'on s'adresse.

Vous voyez la traduction bizarre des selbri ci-dessus — notamment le x1, x2 et x3 ? Ils sont appelés des emplacements de sumti. Ce sont des emplacements où l'on peut mettre un sumti pour compléter un bridi. Compléter un emplacement de sumti signifie que le sumti s'accorde à cet emplacement. Le second emplacement de dunda, par exemple, x2, est la chose qui est donnée. Le troisième emplacement est l'objet recevant le don. Notez comme la traduction de dunda contient le mot « à ». Ceci est dû au fait qu'en français, « à » est utilisé pour signifier le receveur, qui est au troisième emplacement de dunda. Ainsi, quand vous complétez le troisième emplacement de dunda, le sumti que vous y placez est toujours le receveur, et vous n'avez pas besoin d'un équivalent au mot « à ».

Pour exprimer un bridi, vous utilisez simplement le sumti x1 en premier, puis le selbri, puis les autres sumti.

Un bridi habituel : {sumti x1} {selbri} {sumti x2} {sumti x3} {sumti x4} {sumti x5} {et ainsi de suite}

L'ordre peut varier, mais pour le moment, nous nous contenterons de la forme habituelle. Pour dire « Je donne ceci à toi », vous dîtes juste : « mi dunda ti do », avec chaque sumti au bon emplacement.

Donc, comment diriez vous « Ceci est une maison de moi ” ?

Réponse : ti zdani mi

Essayez de répondre à ces quelques autres questions pour vous familiariser avec l'idée de cette structure par emplacements :

Comment traduire « Tu donnes ceci à moi. » ?

Réponse : do dunda ti mi

Et que veut dire « ti pelxu » ?

Réponse : Ceci est jaune.

Plutôt facile une fois que l'on a compris, non ?

Plusieurs bridi les uns à la suite des autres sont séparés par « .i ». « .i » est l'équivalent lojban d'un point, mais se place en général avant le bridi, plutôt qu'après. Il est souvent omis avant le premier bridi, cependant, comme dans cet exemple :

.i Séparateur de phrases. Sépare des jufra (et par conséquent des bridi aussi).

ti zdani mi .i ti pelxu « Ceci est une maison de moi. Ceci est jaune. »

Avant de continuer avec la leçon suivante, je vous recommande de faire une pause d'au moins sept minutes pour digérer ces informations.

Leçons de lojban – leçon deux (FA et zo'e)

La plupart des selbri a de un à cinq emplacements, mais certains en ont plus. Voici un selbri avec quatres emplacements de sumti :

vecnu x1 vend x2 à x3 pour le prix x4

Si je voulais dire « Je vends ceci », il serait ennuyeux d'avoir à remplir les emplacements x3 et x4, qui précisent à qui je vends, et pour quel prix. Heureusement, ce n'est pas nécessaire. Les emplacements peuvent être complétés par zo'e. zo'e nous indique que la valeur de l'emplacement de sumti est indéfinie, parce qu'elle n'est pas importante ou peut être devinée à partir du contexte.

zo'e « quelque chose ». Remplit un emplacement de sumti avec quelque chose, mais ne précise pas quoi.

Ainsi, pour dire « Je te vend », je pourrais dire « mi vecnu zo'e do zo'e » — Je vends quelque chose à toi pour un prix.

Comment diriez-vous « C'est une maison (pour quelqu'un) » ?

Réponse : ti zdani zo'e

Et « (quelqu'un) donne ceci à (quelqu'un) » ?

Réponse : zo'e dunda ti zo'e

Bien. Mais ajouter trois zo'e juste pour dire qu'une chose est vendue prend du temps. Pour cette raison, vous n'avez pas à préciser tout les zo'e d'un bridi. La règle est simplement que si vous omettez des sumti, ils seront considérés comme des zo'e. Si le bridi commence par un selbri, x1 est considéré comme omis et devient un zo'e.

Essayez. Quel est le lojban pour « Je vends. » ?

Réponse : mi vecnu

Et que signifie « zdani mi » ?

Réponse : « Quelque chose est une maison de moi », ou juste « J'ai une maison ».

Comme mentionné plus tôt, la forme n'a pas à être {sumti x1} {selbri} {sumti x2} {sumti x3} {etc.}. En fait, vous pouvez placer le selbri où vous voulez, excepté au début du bridi. Si vous faites ça, le x1 sera considéré omis et remplacé par zo'e. Ainsi, les trois jufra suivant sont exactement le même bridi :

mi dunda ti do

mi ti dunda do

mi ti do dunda

C'est parfois utilisé pour un effet poétique. « Tu te vends toi-même » pourrait être « do do vecnu », qui sonne mieux que « do vecnu do ». Ou cela peut être utilisé pour la compréhension, si le selbri est très long et donc mieux placé à la fin du bridi.

Il y a plusieurs manières de jouer avec l'ordre des sumti dans un bridi. La manière la plus simple est d'utiliser les mots « fa », « fe », « fi », « fo », et « fu ». Notez comme les voyelles sont les cinq voyelles dans l'ordre de l'alphabet lojban… Utiliser ces mots marque le sumti suivant comme étant x1, x2, x3, x4 et x5, respectivement. Le sumti après celui-là sera considéré comme l'emplacement suivant. Pour utiliser un exemple :

dunda fa do fe ti do – « Donné par toi, ceci, à toi ». fa marque le x1, le donneur, qui est « toi ». fe marque la chose donnée, le x2. On continue à compter à partir de fe, ce qui signifie que le dernier sumti est x3, le receveur.

Essayez de traduire la phrase suivante :

mi vecnu fo ti fe do

Réponse : « Je vends, pour le prix de ceci, toi » ou « Je te vend pour le prix de ceci » (probablement en pointant un tas de billets…).

zdani fe ti

Réponse : « Ceci a une maison ». Ici, fe est redondant.

vecnu zo'e mi ti fa do

Réponse : « Tu me vends quelque chose pour ce prix »

Leçons de lojban – leçon trois (tanru et lo)

Dans cette leçon, vous allez vous familiariser avec le concept de tanru. Un tanru est créé quand un selbri est mis devant un autre selbri, modifiant sa signification. Un tanru est en soit un selbri, et peut se combiner avec d'autres selbri ou tanru pour former des tanru plus complexes. Ainsi, « zdani vecnu » est un tanru, de même que « pelxu zdani vecnu », qui est constitué du tanru pelxu zdani et du brivla vecnu. Pour comprendre le concept de tanru, considérez la combinaison de mots français « canne à sucre ». Si vous ne savez pas ce qu'est la canne à sucre, mais connaissez la définition d'une canne, et du sucre, vous ne pouvez pas deviner ce qu'est la canne à sucre. Est-ce que c'est une canne pour touiller le sucre ? Une canne qui produit du sucre ? Une canne qu'on remplit de sucre ? Une canne pour transporter le sucre ? Tout ce que vous savez, c'est que c'est une canne, et qu'il y a une histoire de sucre dans l'équation.

Un tanru ressemble à ça. On ne peut pas dire exactement ce qu'un zdani vecnu est, mais on peut dire que c'est bien un vecnu, et que ça a quelque chose de zdani, d'une certaine manière. Et de n'importe quelle manière. En théorie, l'absurdité de la connexion entre zdani et vecnu importe peu, cela reste un zdani vecnu. Toutefois, ce doit être un vecnu dans le sens ordinaire du terme pour que le tanru soit valide. Vous pouvez interpréter zdani vecnu comme « vendeur de maison », ou mieux « un vendeur type-maison ». Les emplacements de sumti d'un tanru sont toujours ceux du selbri le plus à droite. On dit aussi que le selbri de gauche modifie le selbri de droite.

« Vraiment ? », demandez-vous, sceptique, « Peu importe à quel point la connexion au mot de gauche du tanru est absurde, il reste vrai ? Donc, je pourrais appeler chaque vendeur zdani vecnu, et créer une excuse tordue pour expliquer pourquoi je pense qu'il est un peu zdani sur les bords ? »

Tout à fait. Mais vous seriez un chieur. Ou au moins, vous seriez intentionellement trompeur. En général, vous devriez utiliser un tanru quand la relation entre le mot de gauche et celui de droite est évidente.

Essayez de traduire ceci :

ti pelxu zdani do

Réponse : « Ceci est une maison jaune pour toi ». Encore, on ne sait pas en quoi la maison est jaune : elle est sûrement peinte en jaune, mais ce n'est pas certain.

mi vecnu dunda

Réponse : « Je donne comme-vend. ». Qu'est ce que ça signifie ? Aucune idée. Ça ne veut sûrement pas dire que vous avez vendu quelque chose, puisque par définition, avec dunda, il ne peut y avoir de paiement. Ça doit être un don, mais qui, par certains aspects, est comme une vente.

Et maintenant, quelque chose de totalement différent. Comment faire si je veux dire « Je vends à un allemand. » ?

dotco x1 est allemand/reflète la culture allemande par l'aspect x2

Je ne peux pas dire mi vecnu zo'e dotco, parce que ça mettrait deux selbri dans un bridi, ce qui n'est pas permis. Je pourrais dire mi dotco vecnu, mais ce serait inutilement vague – je pourrais vendre comme un allemand. De la même manière, si je veux dire « Je suis ami avec un américain. », que dire ?

pendo x1 est un ami de x2

merko x1 est américain/reflète la culture des États Unis d'Amérique par l'aspect x2

Encore, la manière évidente serait de dire mi pendo merko, mais cela formerait un tanru, signifiant « Je suis américain comme-un-ami », ce qui est faux. Ce que nous voulons vraiment, c'est prendre le selbri, merko et le transformer en un sumti, afin qu'il soit utilisable avec le selbri pendo. Pour cela, nous utilisons les deux mots lo et ku.

lo = – Débute la conversion générique d'un selbri en sumti. Extraie le x1 du selbri pour l'utiliser comme un sumti.
ku = – Termine la conversion du selbri en sumti.

Vous placez simplement un selbri entre ces deux mots, et ils prennent n'importe quoi qui puisse convenir comme x1 de ce selbri, et le transforment en sumti.

Par exemple, les choses qui peuvent remplir le x1 de zdani sont uniquement les choses qui sont des maisons de quelqu'un. Donc, lo zdani ku veut dire « une maison, ou des maison, pour quelqu'un ». De la même manière, si je dis que quelque chose est pelxu, je veux dire qu'il est jaune. Donc, lo pelxu ku se réfère à quelque chose de jaune.

Maintenant que vous avez la grammaire nécessaire pour dire « Je suis ami avec un américain. », comment le dites vous ?

Réponse : mi pendo lo merko ku

Il y a une bonne raison pour que ku soit nécessaire. Essayez de traduire « Un allemand vend ceci à moi. »

Réponse : lo dotco ku vecnu ti mi Si vous omettez le ku, vous n'avez plus un bridi, mais trois sumti. Puisque lo…ku ne peut pas convertir les bridi, le ti est ejecté du sumti, et la « construction lo » doit se terminer, laissant trois sumti : lo dotco vecnu (ku), ti et mi.

Vous devez toujours être attentif avec des jufra comme lo zdani ku pelxu. Si le ku est omis, le processus de conversion ne se termine pas, et on se retrouve avec un simple sumti, composé du tanru zdani pelxu, puis convertit avec lo.


Leçons de lojban – leçon quatre (les attitudinaux)

Un autre concept qui peut être peu familier aux locuteurs français est celui des attitudinaux. Les attitudinaux sont des mots qui expriment les émotions directement. Le principe des attitudinaux puise son origine dans la langue construite féministe [1], et était supposée permettre de vraies émotions féminines. L'idée était que l'expression d'émotions féminines était entravée par les langages à dominance masculine, et que si seulement il leur était possible de s'exprimer plus librement, ceci donnerait du pouvoir aux femmes en les libérant du langage.

En lojban, il n'y a pas un tel programme, et les attitudinaux ont plus sûrement été introduits dans le langage du fait qu'ils sont incroyablement expressifs et utiles. Ils ont une grammaire dite « libre », ce qui signifie qu'ils peuvent apparaître quasiment n'importe où dans un bridi sans perturber la grammaire du bridi, ou quelconque construction grammaticale.

Dans la grammaire lojban, un attitudinal s'applique au mot précédent. Si ce mot précédent débute une construction (comme « .i » ou « lo »), l'attitudinal s'applique à la construction entière. De la même manière, si l'attitudinal suit un mot qui termine une construction, comme « ku », il s'applique à la construction terminée.

Prenons deux attitudinaux pour créer quelques exemples :

.ui = attitudinal : émotion pure et simple : joie - tristesse
za'a = attitudinal : évident: j'observe directement

Remarquez que dans la définition de .ui, deux émotions sont indiquées : joie et tristesse. Ceci signifie que .ui est défini comme la joie, tandis que sa « négation » signifie la tristesse. « Négation » est peut-être le mauvais terme ici. En pratique, la seconde définition de .ui est une autre construction, .ui nai. La plupart du temps, la seconde définition de l'attitudinal – celle suffixée par nai – est vraiment la négation de l'attitudinal seul. Parfois, pas tant que ça.

nai = (divers) négation : attaché à un attitudinal, change la signification de l'attitudinal en sa « négation ».

Et quelque selbri de plus, juste comme ça :

citka = – x1 mange x2
plise = – x1 est une pomme de race/espèce x2

La phrase « do citka lo plise ku .ui » signifie « Tu manges une pomme, youpi ! » (exprimant surtout que c'est la pomme qui fait plaisir au locuteur, pas l'ingestion, ni le fait que c'était vous). Dans la phrase « do za'a citka lo plise ku », le locuteur observe directement que c'est bien « toi » qui mange la pomme, et pas quelqu'un d'autre.

Si un attitudinal est placé au début du bridi, il s'applique à un « .i », explicite ou implicite, s'appliquant ainsi au bridi entier :

.ui za'a do dunda lo plise ku mi – « Youpi, je vois que tu me donnes une pomme ! »

mi vecnu .ui nai lo zdani ku – « Je vends (et ça craint) une maison. »

Essayez avec quelques exemples. Mais avant, voici quelques attitudinaux supplémentaires :

.u'u = attitudinal: émotion pure et simple: culpabilité - absence de remords - innocence.
.oi = attitudinal: émotion pure et complexe: complainte - plaisir.
.iu = attitudinal: émotion diverse pure: amour - haine.

Qu'avons-nous là ? Un mot est défini par trois émotions ! L'émotion du milieu est accédée en suffixant l'attitudinal par « cu'i ». Elle est considérée comme le « point médian » d'une émotion.

cu'i = scalaire du point médian de l'attitudinal : s'attache à un attitudinal pour changer sa signification en le « point médian » de l'émotion.

Essayez de dire « Je donne quelque chose à un allemand, que j'aime (l'allemand) »

Réponse : « mi dunda fi lo dotco ku .iu » ou zo'e au lieu de fi

Maintenant, « Aah, je mange une pomme jaune. »

Réponse: « .oi nai mi citka lo pelxu plise ku »

Prenons un autre attitudinal d'un genre différent pour illustrer quelque chose de particulier :

.ei = Attitudinal: émotion propositionnelle complexe : obligation - liberté.

Donc, simplement, « Je dois donner la pomme » est « mi dunda .ei lo plise ku », non ? Oui ! Quand on y pense, c'est bizarre… Pourquoi tous les autres attitudinaux que nous avons étudiés jusqu'ici expriment les sentiments du locuteur à propos du bridi, mais celui-ci change la signification du bridi ? De manière certaine, en disant « Je dois donner la pomme », on ne précise pas si la pomme est ou non donnée. Pourtant, si j'avais utilisé .ui, j'aurais déclaré avoir donné la pomme, et que ça me rendait heureux. Alors…?

Ce problème, ou pour être exact, comment un attitudinal modifie la condition pour laquelle un bridi est vrai, est sujet à un débat mineur. La règle officielle du « manuel », qui ne sera probablement pas changée, est qu'il existe une distinction entre les émotions « pures » et les émotions « propositionnelle ». Seules les émotions propositionnelles peuvent changer la condition de vérité, tandis que les émotions pures n'en sont pas capables. Pour exprimer un attitudinal d'émotion propositionnelle sans changer la valeur de vérité du bridi, vous pouvez juste le séparer du bridi avec .i. Il y a aussi un mot pour conserver ou changer de manière explicite la condition de vérité d'un bridi :

da'i = attitudinal: discursif: en supposant - en fait

Dire da'i dans un bridi change la condition de vérité en hypothétique, ce qui est l'usage par défaut d'un attitudinal propositionnel. Dire da'i nai change la condition de vérité en normal, ce qui est l'usage par défaut d'un attitudinal pur.

Donc, quelles sont les deux manières de dire « je dois donner une pomme ? » (et s'en sentir obligé)

Réponse : mi dunda lo plise .i .ei et mi dunda da'i nai .ei lo plise

Le « sentiment » d'un attitudinal peut être assigné à quelqu'un d'autre en utilisant « dai ». En général, dans un discours normal, l'attitudinal est assigné à celui qui écoute, mais ce n'est pas obligatoire. Aussi, parce que le mot est connoté comme « empathique » (ressentir les émotions des autres), certains lojbanistes supposent à tort que l'orateur doit partager les émotions assignées aux autres.

Exemple : « u'i .oi dai citka ti » – « Ha ha, ça a été mangé ! Ça a dû faire mal ! »

Quelle expression courante peut signifier « .oi u'i dai »?

Réponse : “Aïe, très drôle.”

Et un autre pour tester vos connaissances : tentez de traduire « Il était désolé d'avoir vendu sa maison » (souvenez-vous, le temps est implicite et n'a pas besoin d'être spécifié. « Il » peut aussi être évident dans le contexte).

Réponse : u'u dai vecnu lo zdani ku


Enfin, l'intensité d'un attitudinal peut être précisée avec certains mots. Ils peuvent être utilisés après un attidudinal, y compris quand ce dernier a nai ou cu'i en suffixe. Ce qui arrive est moins clair quand ils sont attachés à d'autres mots, comme un selbri : c'est généralement compris comme intensifiant ou affaiblissant le selbri d'une manière non spécifiée.

<tab class=wikitable> Modificateur Intensité cai Extrême sai Fort (none) Non spécifié (moyen) ru'e Faible </tab>

Quelle émotion est exprimée avec .u'i nai sai ?

.u'i: attitudinal: émotion pure et simple : amusement - ennui

Réponse : Fort ennui

Et comment pourriez-vous exprimer que vous n'avez pas trop de remords ?

Réponse : .u'u cu'i ru'e

Leçons de lojban - leçon cinq (SE)

Avant de nous intéresser à des constructions plus complexes, il nous faut apprendre un moyen de changer l'ordre des sumti d'un selbri. C'est, comme nous allons le voir, très utile pour faire des sumti descriptifs (le genre avec lo).

Considérons la phrase "J'ai mangé un cadeau.", qui peut avoir du sens si ce cadeau est une pomme. Pour traduire cette phrase nous voudrons d'abord chercher un selbri signifiant "cadeau". Si nous étudions attentivement la définition de dunda, x1 donne x2 à x3, nous réalisons que le x2 de dunda est quelque chose qui est donné - un cadeau.

Donc pour traduire notre phrase nous ne pouvons pas dire mi citka lo dunda ku, parce lo dunda ku fait référence au x1 de dunda qui est le donneur d'un cadeau. A moins d'être anthropophage, ce n'est pas ce que nous voulons dire. Ce que nous voulons c'est un moyen d'extraire le x2 d'un selbri.

C'est un cas où nous allons utiliser le mot se. La fonction de se est d'échanger les places x1 et x2 d'un selbri. La construction se + selbri est elle-même considérée comme un selbri. Essayons avec une phrase ordinaire:

fanva = {{{2}}}
ti se fanva mi = mi fanva ti

Ceci est traduit par moi (= je traduis ceci). Souvent, mais pas toujours, les bridi utilisants une construction avec se sont traduits en utilisant le passif, puisque x1 est souvent le sujet ou l'objet actif.

se a sa propre famille de mots. Chacun échangeant une place différente avec x1.

<tab class=wikitable> se échange x1 et x2 te échange x1 et x3 ve échange x1 et x4 xe échange x1 et x5 </tab>

Remarque : s, t, v et x sont des consonnes consécutives de l'alphabet lojban.

Exercice : Utilisant ce nouveau savoir, que signifie ti xe fanva ti ?

Réponse Ceci est une traduction de ceci.

se et sa famille peuvent bien sûr être combinés avec fa et sa famille. Le résultat pouvant être outrancièrement compliqué si vous le voulez :

klama = x1 va jusqu'à x2 depuis x3 en passant par x4 par le moyen de transport x5

fo lo zdani ku te klama fe do ti fa mi = mi te klama do ti lo zdani ku et comme te échange x1 et x3 := ti klama do mi lo zdani ku

"Ceci va jusqu'à toi depuis moi en passant par une maison." Bien sûr personne ne ferait une telle phrase à moins de vouloir être incompréhensible, ou de vouloir tester le niveau de grammaire lojban de son interlocuteur.

Et ainsi nous en sommes arriver au point où nous pouvons dire "J'ai mangé un cadeau.". Il suffit d'échanger les places des sumti de dunda pour avoir le cadeau en x1, puis d'extraire ce nouveau x1 avec lo…ku. Alors comment le dites-vous ?

Une réponse possible : mi citka lo se dunda ku

Voilà un exemple d'une des nombreuses utilisations de se et de sa famille.

Leçons de lojban – leçon six (abstractions)

Nous n'avons jusqu'à maintenant exprimé qu'une phrase à la fois. Pour exprimer des choses plus complexes, cependant, vous avez souvent besoin de subordinations. Heureusement, celles-ci sont plus simples en lojban que ce que vous pourriez croire.

Commençons avec un exemple : « Je suis heureux que tu sois mon ami. ». Ici, le bridi principal est « Je suis heureux que X. », et le sous-bridi est « Tu es mon ami. ». En regardant la définition de « heureux », traduit par « gleki » :

gleki = x1 est heureux à propos de x2 (évènement/état)

On peut voir que x2 doit être un évènement ou un état. C'est naturel, parce qu'on ne peut pas être heureux à propos d'un objet lui-même, seulement de l'état dans lequel il est. Mais hélas ! Seuls les bridi peuvent exprimer des états ou des évènements, et seul un sumti peut combler le x2 de « gleki » !

Comme vous l'avez peut-être deviné, il existe une solution. Les mots « su'ukei » ont une fonction générique de « convertit un bridi en selbri », et fonctionnent juste comme « loku ».

su'u = x1 est une abstraction de {bridi} de type x2
kei = fin de l'abstraction

Exemple :

melbi = x1 est beau pour x2.
dansu = x1 danse sur l'accompagnement/la musique/le rythme x2.

melbi su'u dansu kei – « belle danse »

Il est souvent compliqué de trouver un bon usage d'un bridi comme selbri. Cependant, puisque « su'u BRIDI kei » est un selbri, on peut le convertir en sumti grâce à « lo … ku ».

Nous avons maintenant les moyens de dire « Je suis heureux que tu sois mon ami ». Essayez !

pendo = x1 est un ami de x2

Réponse : mi gleki lo su'u do pendo mi kei ku

Cependant, « su'ukei » n'est pas souvent utilisé. Les gens préfèrent utiliser les mots plus spécifiques « nukei » et « du'ukei ». Ils fonctionnent de la même manière, mais ont une signification différente. « nukei » traite le bridi qu'il entoure comme un évènement ou un état, et « du'ukei » le traite comme un bridi abstrait, pour exprimer des choses comme des idées, pensées ou vérités. Tous ces mots (excepté « kei ») sont appelés des « abstracteurs ». Il y en a beaucoup, mais seule une poignée est régulièrement utilisée. « su'ukei » est un abstracteur général, et marchera dans tout les cas.

Utilisez « nu ...kei » pour dire « Je suis heureux de parler avec toi. ».

tavla = x1 parle à x2 à propos du sujet x3 dans la langue x4.

Réponse : mi gleki lo nu tavla do kei ku (remarquez comme le français est aussi vague que le lojban à propos de qui parle.)

D'autres abstracteurs importants sont : « kakei » (abstraction de propriété/d'aspect), « si'okei » (abstraction de concept/d'idée), « nikei » (abstraction de quantité), parmi d'autres. La signification de ceux-ci est un sujet compliqué, et sera discutée bien plus tard, dans la leçon vingt-neuf. Pour le moment, vous devrez vous en passer.

Il est important de noter que certains abstracteurs ont plusieurs places pour les sumti. Par exemple, « du'u », qui est défini comme suit :

du'u = abstracteur. x1 est le prédicat/bridi de {bridi} exprimé dans la phrase x2.

Les places de sumti autres que x1 sont rarement utilisées, mais « lo se du'u {bridi} kei ku » est parfois utilisé comme sumti pour les citations indirectes : « J'ai dit qu'un chien m'a été donné » peut être écrit : « mi cusku lo se du'u mi te dunda lo gerku ku kei ku », si vous excusez cet exemple bizarre.

cusku = x1 exprime x2 à x3 par le moyen x4
gerku = x1 est un chien de la race x2


Leçons de lojban – leçon sept (NOI)

Pendant qu'on y est, il y a un autre type de bridis subordonnés. Ils sont appelés les clauses relatives. Ce sont des phrases qui rajoutent des descriptions à un sumti. En effet, le « qui » dans la phrase précédente a débuté une clause relative en français. En lojban, les clauses relatives viennent en deux parfums, et il peut être utile de distinguer ces deux sortes avant d'apprendre comment les exprimer. Ces deux formes sont appelées les clauses relatives restrictives, et non-restrictives (ou incidentales).

Il serait bon de donner un exemple :

« Mon frère, qui fait deux mètres de haut, est un politicien. »

Cette phrase peut être comprise de deux manières. Je pourrais avoir plusieurs frères, auquel cas dire qu'il fait deux mètres de haut va nous aider à savoir de quel frère on parle. Ou je pourrais n'avoir qu'un seul frère, et juste être en train de vous donner des informations supplémentaires.

En français la distinction entre la première interprétation (restrictive) et la seconde (non-restrictive) n'est pas très marquée. Parfois l'intonation, ou l'utilisation de structures un peu lourde (« Mon frère, celui qui fait deux mètre... ») peut aider à faire la différence. Le lojban utilise les constructions « poiku'o » et « noiku'o » pour les clauses restrictives et non-restrictives, respectivement.

Prenons un exemple lojban, qui pourrait nous aider à comprendre l'étrange comportement de l'exemple de la leçon cinq, « manger des cadeaux » :

noi = débute une clause relative non-restrictive (ne peut s'attacher qu'à un sumti)
poi = débute une clause relative restrictive (ne peut s'attacher qu'à un sumti)
ku'o = termine une clause relative

« mi citka lo se dunda ku poi plise ku'o » = « Je mange un cadeau, précisément celui qui (quelque chose) est une pomme ».

Ici, le « poiku'o » est placé juste après « lo se dunda ku », donc il s'applique au cadeau. Pour être strict, la clause relative ne précise pas « qu'est ce » qui est une pomme, mais vu que la clause relative s'applique au cadeau, on peut assumer en toute sécurité que c'est le cadeau qui est une pomme. Après tout, dans le contexte de la leçon cinq, ceci semble raisonnable. Si l'on veut être sure que c'est bien le cadeau qui est une pomme, on utilise le mot « ke'a », qui est un sumka'i (un pronom lojban, on en parlera plus tard) représentant le sumti auquel la clause relative est attachée.

ke'a = sumka'i; se réfère au sumti auquel la clause relative est attachée.

« .ui mi citka lo se dunda ku poi ke'a plise ku'o » = « ☺ Je mange un cadeau qui est une pomme ».

Pour souligner la différence entre les clauses restrictives et non-restrictives, voici un autre exemple :

lojbo = « x1 reflète la culture/communauté lojbane selon l'aspect x2; x1 est lojbanique. »

« mi noi lojbo ku'o fanva fo lo lojbo ku » = « Moi, qui soit dit en passant suis lojbanique, traduit à partir d'un langage lojbanique. »

Ici, il n'y a pas vraiment de choix à propos de qui « mi » peut indiquer, et le fait que je suis lojbanique est surtout une information supplémentaire, inutile pour m'identifier. Ainsi, « noiku'o » est approprié.

Voyons si vous pouvez traduire « Je flirte avec un homme qui est beau/élégant. ».

nanmu = « x1 est un homme »
melbi = « x1 est beau pour x2 selon l'aspect (ka) x3 et le standard x4 »
cinjikca = « x1 flirte/courtise x2, présentant de la sexualité x3 selon le standard x4 »

Réponse : mi cinjikca lo nanmu ku poi {ke'a} melbi ku'o

Sur une note plus technique, il peut être utile de savoir que « lo {selbri} ku » est souvent définit comme « zo'e noi ke'a {selbri} ku'o ».

Leçons de lojban – leçon huit (élision des fa'orma'o ; « terminateurs »)

« .au da'i mi djica lo nu le merko poi tunba mi vau ku'o ku jimpe lo du'u mi na nelci lo nu vo'a darxi mi vau kei ku vau kei ku vau kei ku vau » – « J'aimerais que l'américain, qui est mon frère, comprenne que je n'aime pas qu'il me frappe. »

Ignorant le fait que cette phrase est comprise (elle ne devrait pas, vu qu'elle contient des mots qui n'ont pas encore été abordés dans ces leçons), une chose est claire : plus nous apprenons de structures complexes en lojban, plus les phrases se remplissent de « ku », « kei », « ku'o » et d'autres de ces mots qui, en soit, ne convoient pas de sens.

La fonction de ces mots est de signaler la fin d'une construction grammaticale, comme par exemple « convertit un selbri en sumti » dans le cas de « ku ». Un nom français pour ce genre de mot serait « terminateur » (de l'anglais « terminator », « qui termine »). Comme ce mot n'a pas de réelle existence en français, nous allons utiliser le mot lojban : fa'orma'o. Dans l'exemple ci-dessus, ces mots sont écrits en gras.

Note : Les vau dans l'exemple ci-dessus sont les fa'orma'o pour « fin de bridi ». Il y a une bonne raison pour que vous ne les ayez pas vu, nous en parlons plus bas.

vau = fa'orma'o: Termine un bridi.

Dans la plupart du lojban parlé et écrit, une grande partie des fa'orma'o est omise (élidée). Ceci nous économise bien des syllabes, à l'oral comme à l'écrit. Cependant, il est nécessaire de bien faire attention quand on élide des fa'orma'o : dans le simple exemple « lo merko ku klama », supprimer le fa'orma'o « ku » donnerait « lo merko klama », qui est un sumti composé du tanru « merko klama ». Ainsi, cela signifierais « un voyageur américain » au lieu de « un américain voyage ». L'élision de fa'orma'o peut provoquer de grosses erreurs si pratiquée de manière incorrecte, et c'est pourquoi vous ne l'avez pas vu avant maintenant.

La règle pour élider des fa'orma'o est simple, au moins en théorie : « Vous pouvez élider un fa'orma'o si et seulement si faire ainsi ne change pas la structure grammaticale de la phrase. »

La plupart des fa'orma'o peuvent être élidés sans problème à la fin d'un bridi. Les exceptions sont évidentes, comme le fa'orma'o « fin de citation » ou le fa'orma'o « fin de groupe de bridi ». C'est pourquoi « vau » n'est quasiment jamais utilisé : débuter un nouveau bridi avec « .i » va presque toujours terminer le bridi précédent, de toute façon. « vau » a un usage fréquent, cependant : puisque les attitudinaux s'appliquent toujours au mot précédent, l'appliquer à un fa'orma'o l'applique à la construction grammaticale terminée entière. En utilisant « vau », il est possible d'utiliser un attitudinal à posteriori et de l'appliquer au bridi entier :

« za'a do dunda lo zdani {ku} lo prenu {ku}... vau i'e » – « Je vois que tu donnes une maison à quelqu'un… J'approuve ! »

prenu = x1 est une personne; x1 a une personnalité.

Connaissant les règles basiques d'élision de fa'orma'o, nous pouvons donc retourner à notre phrase originale et commencer à supprimer des fa'orma'o :

.au da'i mi djica lo nu le merko poi tunba mi vau ku'o ku jimpe lo du'u mi na nelci lo nu vo'a darxi mi vau kei ku vau kei ku vau kei ku vau

Nous pouvons voir que le premier « vau » n'est pas necessaire, parce que le mot non-fa'orma'o suivant est « jimpe », qui est un selbri. Puisqu'il ne peut y avoir qu'un selbri par bridi, « vau » n'est pas nécessaire. Puisque « jimpe », comme selbri, ne peut pas être dans la clause relative non plus (seul un bridi par clause, seul un selbri par bridi), nous pouvons élider « ku'o ». De même, « jimpe » ne peut pas être un second selbri dans la construction « le merko poi {…} », donc « ku » n'est lui non plus pas utile. De plus, tout les fa'orma'o à la fin de la phrase peuvent être élidés, puisque le début d'un nouveau bridi va terminer toute ces constructions de toute façon.

Nous finissons donc avec :

« .au da'i mi djica lo nu le merko poi tunba mi jimpe lo du'u mi na nelci lo nu vo'a darxi mi » – sans aucun fa'orma'o du tout !

Quand on élide les fa'orma'o, c'est une bonne idée de s'habituer à « cu ». « cu » est l'un de ces mots qui peut rendre notre vie (lojbane) beaucoup plus simple. Ce qu'il fait : il sépare n'importe quel sumti précédent du selbri. On pourrait dire qu'il définit le prochain mot pour être un selbri, et termine exactement autant de construction nécessaires pour ce faire.

cu = marqueur élidable : sépare le selbri du sumti précédent, permettant l'élision des fa'orma'o précédents.
prami = x1 aime x2

« lo su'u do cusku lo se du'u do prami mi vau kei ku vau kei ku se djica mi » = « lo su'u do cusku lo se du'u do prami mi cu se djica mi »

« Que tu dises que tu m'aime est désiré par moi », ou : « J'aimerais que tu dises que tu m'aime. »

Note : « cu » n'est pas un fa'orma'o, parce qu'il n'est pas associé à une construction en particulier. Mais il peut-être utilisé pour élider d'autres fa'orma'o.

L'une des plus grandes forces de « cu » est qu'il devient rapidement facile à comprendre intuitivement. Seul, il ne signifie rien, mais il révèle la structure des expressions lojbanes en identifiant le selbri principal. Dans l'exemple original, avec le frère américain violent, utiliser « cu » avant « jimpe » ne change pas le sens de la phrase du tout, mais la rend plus simple à lire.

Dans les leçons suivante, « cu » sera utilisé quand nécessaire, et tout les fa'orma'o élidés si possible. Les fa'orma'o élidés seront entre entre accolades, comme ci-dessus. Essayez de traduire cette phrases :

vajni = x1 est important pour x2 pour la/les raison(s) x3
jimpe = x1 comprend que x2 (abstraction du'u) est vrai à propos de x3
a'o = Attitudinal : simple émotion propositionelle : espoir – désespoir

« a'o do noi ke'a lojbo .i'e {ku'o} {ku} cu jimpe lo du'u lo fa'orma'o {ku} cu vajni {vau} {kei} {ku} {vau} »

Réponse : « J'espère que toi, un fier lojbaniste, comprend que les fa'orma'o sont importants »

Apartée amusante : la plupart des gens habitués à l'élision des fa'orma'o le font de manière si instinctive qu'ils doivent être rappelés de l'importance de comprendre les fa'orma'o pour comprendre le lojban. Ainsi, chaque jeudi a été désigné « jour du terminateur », ou « fa'orma'o djedi » sur le canal IRC lojban. Durant le jour du terminateur, les gens essayent (et souvent échouent) de se rappeler d'écrire tout les fa'orma'o, avec quelques conversations très verbeuses pour résultat.


Leçons de lojban – leçon neuf (sumtcita)

Pour le moment, nous nous sommes bien débrouillés avec les selbris dont nous disposions. Cependant, il y a une quantité limitée de selbri, et dans beaucoup de cas, les places pour les sumti ne sont pas utiles pour ce à quoi nous pensons. Comment faire si, par exemple, je veux dire que je traduis en utilisant un ordinateur ? Il n'y a pas de place dans la structure de « fanva » pour préciser l'outil utilisé pour la traduction, puisque, la plupart du temps, ce n'est pas nécessaire. Pas de problème, cette leçon traite de l'ajout de places de sumti aux selbri.

La manière la plus basique d'ajouter des places de sumti est avec « fi'o SELBRI fe'u » (Oui, un nouvel exemple de fa'orma'o, « fe'u ». Il n'est quasiment jamais nécessaire, et ce pourrait être la dernière fois que vous le croisez.). Entre ces deux mots va un selbri, et comme « lo SELBRI ku », « fi'o SELBRI fe'u » extrait le x1 du selbri qu'il contient. Cependant, avec « fi'o SELBRI fe'u », la place de selbri est convertie, non pas en sumti, mais en « sumtcita », ce qui signifie « étiquette de sumti », avec comme place de structure le x1 du selbri convertit. Ce sumtcita absorbe ensuite le sumti suivant. On pourrait dire qu'en utilisant un sumtcita, on importe une place de sumti d'un autre selbri, et l'ajoute au bridi énoncé.

Note : parfois, surtout dans les anciens textes, le terme « tag », ou « modal » est utilisé pour sumtcita. Ignorez ces piteuses expressions anglaises/françaises. On enseigne un lojban correct, ici.

Bien qu'il soit compliqué de saisir le processus juste en le lisant, un exemple montrera peut-être sa réelle simplicité :

skami = x1 est un ordinateur pour l'usage x2
pilno = x1 utilise x2 comme outil pour faire x3

« mi fanva ti fi'o se pilno {fe'u} lo skami {ku}{vau} » – « Je traduis ceci avec un ordinateur ».

Le x2 de « pilno », qui est le x1 de « se pilno », est une place de structure pour un outil utilisé par quelqu'un. Cette place de structure est capturée par « fi'o SELBRI fe'u », ajoutée au selbri principal, puis complétée par « lo skami ». L'idée d'un sumtcita est parfois exprimée en français avec la traduction suivante :

« Je traduis ceci avec-l'outil : un ordinateur »

Un sumtcita ne peut absorber qu'un sumti, qui est toujours le sumti suivant. On peut autrement utiliser le sumtcita seul, sans sumti, auquel cas vous devez le mettre soit devant le selbri, ou le terminer avec « ku ». On considère alors que le sumtcita a le mot « zo'e » comme sumti.

zukte = x1 est une entité volitive qui accomplit l'action x2 pour la raison x3

« fi'o zukte {fe'u} ku lo skami {ku} cu pilno lo lojbo {ku}{vau} » – « Avec volonté, un ordinateur a utilisé quelque chose lojbanique » (Impliquant peut-être que l'ordinateur est devenu sentiant ? Quoi qu'on ne spécifie pas ce qui avait de la volonté. Peut-être était-ce juste le développeur qui a programmé la machine ? Quel ennui…)

Notez qu'il y a « ku » dans « fi'o zukte {fe'u} ku ». Sans cela, le sumtcita aurait absorbé « lo skami {ku} », ce que nous ne voulons pas.

On peut aussi dire :

« fi'o zukte {fe'u} zo'e lo skami {ku} cu pilno lo lojbo {ku}{vau} »

« lo skami {ku} cu fi'o zukte {fe'u} pilno lo lojbo {ku}{vau} »

ce qui signifie la même chose.

Que veut dire « mi jimpe fi la lojban {ku} fi'o se tavla {fe'u} mi » ?

Réponse : « Je comprend quelque chose à propos de lojban, qui m'est parlé »

Mettre le sumtcita juste devant le selbri le fait s'auto-terminer, puisqu'un sumtcita ne peut absorber qu'un sumti, et pas un selbri. Ce fait sera important dans la leçon suivante, comme vous le verrez.

Malheureusement, « fi'o » n'est pas utilisé très souvent, malgré sa flexibilité. Ce qui est utilisé souvent, cependant, est BAI. BAI est une classe de mots, qui en eux mêmes agissent comme des sumtcita. Un exemple est « zu'e », le BAI pour « zukte ». Grammaticalement, « zu'e » et « fi'o zukte fe'u » sont identiques. Ainsi, l'exemple précédent peut être réduit à :

« zu'e ku lo skami {ku} cu pilno lo lojbo {ku} {vau}. »

Il existe environ 60 BAI, et nombre d'entre eux sont en effet très utiles. De plus, les BAI peuvent aussi être convertit avec « se » et ses amis, ce qui veut dire que « se zu'e » est équivalent à « fi'o se zukte », ce qui a pour résultat encore plus de BAI.


Leçons de lojban – leçon dix (PU, FAhA, ZI, VA, ZEhA, VEhA)

Que le lojban peut paraître étrange à un francophone, quand on lit neuf leçons sans jamais croiser un seul temps. C'est parce que, à la différence de beaucoup de langues naturelles (la plupart des langues indo-européennes, par exemple), tous les temps en lojban sont optionnels. Dire « mi citka lo cirla {ku} » peut signifier « Je mange du fromage. », « J'ai mangé du fromage. », « Je mange toujours du fromage. » ou « Dans un moment, je vais avoir fini de manger du fromage. ». Le contexte permet de détermniner ce qui est correct, et dans la plupart des conversations, les temps ne sont pas nécessaires du tout. Cependant, quand c'est requis, c'est requis, et ça doit s'apprendre. De plus, les temps en lojban sont inhabituels, parce qu'ils traitent le temps et l'espace de la même manière – dire que j'ai travaillé il y a longtemps n'est pas différent, grammaticalement, de dire que j'ai travaillé loin au nord.

Comme dans beaucoup d'autres langages, le système des temps en lojban est peut-être la partie la plus difficile à apprendre. Contrairement à beaucoup d'autres langues, par contre, il est tout à fait régulier et sensé. N'ayez crainte, donc, cela ne va pas impliquer la difficulté d'apprendre à modifier un selbri ou quoi que ce soit d'aussi d'absurde que ça.

Non, dans le système de temps lojban, tout les temps sont des sumtcita (avec lesquels nous venons de nous familiariser, quel heureux hasard ! ). D'accord, d'accord, techniquement, les temps sont légèrement différents des autres sumtcita, mais on n'expliquera pas ça maintenant. Sur beaucoup d'aspect, ils sont comme tout les autres sumtcita. Ils sont terminés par « ku », rendant explicite que PU est terminé par « ku ». Il y a beaucoup de sortes de sumtcita de temps, commençons donc par ceux familiers à un francophone :

pu = sumtcita : avant {sumti}
ca = sumtcita : en même temps que {sumti}
ba = sumtcita : après {sumti}

Ils sont semblables aux concepts français « avant », « maintenant » et « après ». En fait, on pourrait dire que deux évènements ponctuels ne peuvent jamais arriver en même temps, rendant « ca » inutile. Mais « ca » s'étend légèrement dans le passé et le futur, signifiant juste « à peu près maintenant ». C'est parce que les humains ne perçoivent pas le temps d'une manière parfaitement logique, et les temps lojban reflètent ça.

Petite aparté : il a été suggéré de rendre le système des temps lojban relativiste. Cette idée, cependant, a été abandonnée, parce qu'elle est contre-intuitive, et signifierait qu'avant d'apprendre le lojban, on devrait apprendre la théorie de la relativité.

Donc, comment diriez-vous « J'exprime ceci après être venu ici » (en pointant un papier) ?

Réponse : « mi cusku ti ba lo nu mi klama ti {vau} {kei} {ku} {vau} »

Habituellement, en parlant, on ne précise pas à quel évènement cette action dans le passé est relative. Dans « J'ai donné un ordinateur », on peut assumer que l'action est relative à « maintenant », et l'on peut donc élider le sumti du sumtcita, parce qu'il est évident :

« pu ku mi dunda lo skami {ku} {vau} » ou

« mi dunda lo skami {ku} pu {ku} {vau} » ou, plus régulièrement

« mi pu {ku} dunda lo skami {ku} {vau} ».

Le sumti qui remplit le sumtcita par défaut est « zo'e », qui est quasiment toujours comprit comme relatif à la position dans le temps et l'espace du locuteur (ce qui est particulièrement important quand on parle de droite ou gauche). Si l'on parle d'un évènement qui est arrivé dans un autre temps que le présent, il est parfois assumé que tout les temps sont relatifs à l'évènement qui est traité. De manière à clarifier que tout les temps sont relatifs au locuteur, le mot « nau » peut être utilisé n'importe quand. Un autre mot, « ki » marque un temps qui est alors considéré comme la nouvelle référence. Nous apprendrons cela bien plus tard.

nau = met à jour le cadre spatial et temporel de référence comme étant l'ici et maintenant du locuteur.
gugde = x1 est le pays du peuple x2 avec le territoire x3

Notez aussi que « mi pu {ku} klama lo merko {ku} {vau} » (« Je suis allé en Amérique ») n'implique pas que je suis toujours en train de voyager aux États-unis, seulement que c'était vrai à un moment dans le passé, par exemple, il y a cinq minutes.

Comme dit plus tôt, les temps spatiaux et temporels sont très proches. Contrastez les trois temps précédents avec ces quatre temps spatiaux :

zu'a = sumtcita : à gauche de {sumti}
ca'u = sumtcita : devant {sumti}
ri'u = sumtcita : à droite de {sumti}
bu'u = sumtcita : au même endroit que {sumti} (équivalent spatial de « ca »)
.o'o = attitudinal : émotion complexe pure : patience - tolérance - colère

Que voudrait dire « .o'onai ri'u {ku} nu lo prenu {ku} cu darxi lo gerku pu {ku} {ku} {vau} {kei} {vau} » (notez le premier « ku » élidé !) ?

darxi = x1 bat/frappe x2 avec l'instrument x3 à l'endroit x4

Réponse : « {colère !} À (ma) droite et dans le passé (d'un évènement), quelque chose est l'évènement d'une personne frappant un chien. » ou « Un homme a frappé un chien à ma droite ! »

S'il y a plusieurs sumtcita de temps dans un bridi, la règle veut que vous les lisiez de gauche à droite, en pensant à un « voyage imaginaire », où vous commencez à un point dans le temps et l'espace qui est impliqué (par défaut, l'ici et maintenant du locuteur), puis suivez le sumtcita un par un de gauche à droite. Par exemple :

« mi pu {ku} ba {ku} jimpe fi lo lojbo fa'orma'o {ku} {vau} » : « À un point dans le passé, je comprendrais plus tard les fa'orma'os. »

« mi ba {ku} pu {ku} jimpe fi lo lojbo fa'orma'o {ku} {vau} » : « À un point dans le futur, j'aurais eu compris les fa'ormaos. »

Puisqu'on ne spécifie pas la quantité de temps que nous parcourons d'avant en arrière, les deux phrases peuvent traiter d'un évènement futur ou passé par rapport au point de référence.

Aussi, si des temps spatiaux et temporels sont mélangés, la règle est de toujours mettre le temps avant l'espace. Si cette règle est transgressée, il peut parfois en sortir des ambiguïtés syntactiques, ce que lojban ne tolère pas.

Supposons que nous voulons spécifier qu'un homme a frappé un chien il y a juste une minute. Les mots « zi », « za » et « zu » précisent une courte, non spécifiée (sûrement moyenne) et longue distance dans le temps. Notez l'ordre des voyelles, « i », « a », « u ». Cet ordre apparaît encore et toujours en lojban, et ça peut valoir le coup de le mémoriser. « Court » et « long » sont toujours dépendant du contexte, relatifs et subjectifs. Deux cent ans est très court pour qu'une espèce évolue, mais très long quand on attend le bus.

zi = sumtcita : survient à une courte distance de {sumti} dans le temps, depuis le point de référence
za = sumtcita : survient à une distance non spécifiée (moyenne) de {sumti} dans le temps, depuis le point de référence
zu = sumtcita : survient à une longue distance de {sumti} dans le temps, depuis le point de référence

De la même manière, les distances spatiales sont marquées par « vi », « va » et « vu » pour de courtes, non spécifiées (moyennes) et longues distances dans l'espace.

vi = sumtcita : survient à une courte distance de {sumti} dans l'espace, depuis le point de référence
va = sumtcita : survient à une distance non spécifiée (moyenne) de {sumti} dans l'espace, depuis le point de référence
vu = sumtcita : survient à une longue distance de {sumti} dans l'espace, depuis le point de référence
gunka = x1 travaille à x2 avec comme objectif x3

Traduisez : « ba {ku} za ku mi vu {ku} gunka {vau} »

Réponse : « Quelque part dans le futur, je vais travailler dans un endroit lointain. »

Note : Les gens utilisent rarement « zi », « za », et « zu », sans un « pu » ou « ba », devant. C'est parce que la plupart des gens ont toujours besoin de spécifier le passé ou futur dans leur langue maternelle. Quand vous y pensez de manière lojbane, la plupart du temps, la direction dans le temps est évidente, et « pu » ou « ba » sont superflus !

L'ordre dans lequel un sumtcita de direction et un sumtcita de distance sont dit fait une différence. Souvenez vous que la signification de plusieurs mots de temps mis ensemble est donnée par un voyage imaginaire, en lisant de gauche à droite. Ainsi, « pu zu » est « Il y a longtemps », alors que « zu pu » est « Dans le passé d'un point dans le temps qui est longtemps avant ou après maintenant ». Dans le premier exemple, « pu » montre que l'on commence dans le passé, et « zu » que c'est à une longue distance dans le passé. Dans le second exemple, « zu » montre que l'on commence quelque part loin de maintenant dans temps, et « pu » que nous nous déplaçons en arrière par rapport à ce point. Ainsi, « pu zu » est toujours dans le passé. « zu pu » peut être dans le futur. Le fait que les temps se combinent de cette manière est une des différences entre les sumtcita de temps et les autres sumtcita. Le sens des autres sumtcita n'est pas modifié par la présence de sumtcita supplémentaires dans un bridi.

Comme impliqué brièvement plus tôt, toutes ces constructions traitent a priori les bridi comme s'ils étaient des points dans le temps et l'espace. En réalité, la plupart des évènements arrivent sur une plage de temps et d'espace. Dans les quelques paragraphes suivants, nous allons apprendre comment spécifier les intervalles de temps et d'espace.

ze'i = sumtcita : dure le temps (court) de {sumti}
ze'a = sumtcita : dure le temps (non spécifié, moyen) de {sumti}
ze'u = sumtcita : dure le temps (long) de {sumti}
ve'i = sumtcita : s'étend sur le court espace de {sumti}
ve'a = sumtcita : s'étend sur l'espace non spécifié (moyen) de {sumti}
ve'u = sumtcita : s'étend sur le long espace de {sumti}

Six mots à la fois, je sais, mais se souvenir de l'ordre des voyelles et la similarité de la lettre initiale « z » pour les temps temporels et « v » pour les temps spatiaux peut aider à s'en souvenir.

.oi = attitudinal : douleur - plaisir

Traduisez : « .oi dai do ve'u {ku} klama lo dotco gugde {ku} ze'u {ku} {vau} »

Réponse : « Aïe, tu as passé longtemps à voyager une longue distance vers l'Allemagne. »

Bien que la plupart des gens ne soit pas familière avec les temps spatiaux, ces nouveaux mots nous offrent d'intéressantes possibilités. On pourrait, par exemple, traduire « C'est un gros chien » par : « ti ve'u {ku} gerku {vau} ». Dire « Cette chose chien sur un long espace » vous donne l'air idiot en français, mais bon parleur en lojban !

« ze'u » et ses semblables peuvent aussi se combiner avec d'autres temps pour former des temps composés. La règle pour « ze'u » et autres est qu'un temps le précédant marque une limite d'un processus (relatif au point de référence), et un temps le suivant marque l'autre limite, relativement à la première.

Ceci devrait se voir avec quelque exemples :

« .o'ocu'i do citka pu {ku} ze'u {ku} ba {ku} zu {ku} {vau} » : « (tolérance) Tu manges commençant dans le passé et pour une longue durée finissant à un point dans le futur de quand tu as commencé. » ou « Hum, tu as mangé longtemps. ». On peut aussi contraster « do ca {ku} ze'i {ku} pu {ku} klama {vau} » avec « do pu {ku} ze'i {ku} ca {ku} klama {vau} ». Le premier évènement de voyager a une limite dans le présent, et s'étend un peu dans le passé, tandis que le second évènement a une limite dans le passé et s'étend seulement dans le présent (c'est à dire, légèrement dans le passé ou futur) de cette limite.

jmive = x1 est vivant selon le standard x2

Que veut dire « .ui mi pu {ku} zi {ku} ze'u {ku} jmive {vau} » ?

Réponse : « (joie) Je vis depuis un peu dans le passé et jusqu'à long dans le futur ou passé (évidemment le futur, dans ce cas) de cet évènement » ou « Je suis jeune, et ai toute la vie devant moi :-) »

Juste pour souligner la similarité avec les temps spatiaux, voyons un autre exemple, cette fois ci avec des temps spatiaux :

.u'e = attitudinal : merveille - lieu commun

Que veut dire « .u'e za'a {ku} bu'u {ku} ve'u {ku} ca'u {ku} zdani {vau} » ?

Réponse : « (merveille) (observe) S'étendant sur un long espace d'ici à là bas devant moi est une maison » ou « Ouah ! Cette maison qui s'étend devant est immense ! »

Avant de continuer avec ce système de temps lourd en syntaxe, je recommande au moins dix minutes à faire quelque chose qui n'occupe pas votre esprit afin de laisser l'information s'imprimer. Chantez une chanson ou mangez un cookie très lentement – n'importe quoi, tant que vous laissez votre esprit se reposer.

Leçons de lojban – leçon onze (ZAhO)

Bien que nous n'allons pas traverser tout les temps lojban pour le moment, il y a une autre sorte de temps qui, je pense, devrait être enseignée. Ils sont nommés les « contours d'évènement », et représentent une manière très différente de voir les temps par rapport à ce que l'on a vu jusqu'ici. Allons-y :

En utilisant les temps que l'on a apprit jusqu'ici, on peut imaginer une ligne de temps indéfinie, et placer des évènements sur cette ligne relatifs au « maintenant ». Avec les contours d'évènements, cependant, on voit chaque évènement comme un processus, qui a certaines étapes : un moment avant l'évènement, un moment quand il commence, un moment quand il est en cours, un moment quand il se termine, et un moment après qu'il se soit terminé. Les contours d'évènements nous disent à quel moment dans le processus de l'évènement nous étions pendant le temps spécifié par les autres temps. Nous avons besoin de quelque temps pour commencer :

pu'o = – sumtcita: contour d'évènement : le bridi n'est pas encore arrivé pendant {sumti}
ca'o = – sumtcita: contour d'évènement : le bridi est en cours pendant {sumti}
ba'o = – sumtcita: contour d'évènement : le bridi s'est terminé pendant {sumti}

Ceci demande quelque exemples. Que signifie « .ui mi pu'o {ku} se zdani {vau} » ?

Réponse : « ☺ Je vais commencer à avoir une maison »

Mais, demandez vous, pourquoi ne pas juste dire « .ui mi ba {ku} se zdani {vau} » et s'économiser une syllabe ? Parce que, souvenez-vous, dire que vous allez avoir une maison dans le futur ne dit rien à propos de si vous en possédez déjà une. En utilisant « pu'o », par contre, vous dîtes que vous êtes maintenant dans le passé du moment où vous avez une maison, ce qui veux dire que vous n'en avez pas encore.

Notez au passage que « mi ba {ku} se zdani {vau} » est similaire à « mi pu'o {ku} se zdani {vau} », de même pour « ba'o » and « pu ». Pourquoi semble-t'ils à l'envers ? Parce que les contours d'évènements voient le présent du point de vue du processus, alors que les autres temps voient les évènements dans notre présent.

Souvent, les contours d'évènements sont plus précis que les autres types de temps. Encore plus de clareté est obtenue en combinant plusieurs temps : « .a'o mi ba{ku} zi {ku} ba'o {ku} gunka {vau} » – « J'espère que j'ai bientôt finit de travailler. ».

En lojban, on travaille aussi avec le « début naturel » et la « fin naturelle » d'un évènement. Le terme « naturel » est hautement subjectif ici, et la fin naturelle se réfère au point où processus devrait se terminer. Vous pouvez dire, à propos d'un train en retard, par exemple, que sont processus d'arriver à vous est maintenant en train de s'étendre au delà de sa fin naturelle. Un plat pas assez cuit, mais servit, de même, est mangé avant le début naturel du processus « manger ». Les contours d'évènements utilisés dans ces exemples sont les suivants :

za'o = – sumtcita: contour d'évènement :le bridi est en cours au delà de sa fin naturelle pendant {sumti}
xa'o = – sumtcita: contour d'évènement :le bridi est en cours, trop tôt, pendant {sumti}
cidja = x1 est de la nourriture, que x2 peut manger

Traduisez : « .oi do citka za'o lo nu do ba'o {ku} u'e citka zo'e noi cidja do {vau} {ku'o} {vau} {kei} {ku} »

Réponse : « Ouch, tu continues de manger quand tu as finit, incroyablement, de manger quelque chose de comestible ! »

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Image ci-dessus : les temps de ZAhO (contours d'événements). Tous les temps au dessus de la ligne de l'événement indique des étapes couvrant une certaine durée. Tous les temps en-dessous de la ligne de l'événement indique des étapes instantanées.

Tous ces temps décrivaient des étapes d'un processus ayant une certaine durée (comme montré par le graphe ci-dessus; ces temps au-dessus de la ligne de l'événement). Mais beaucoup des contours d'événements décrivent des étapes instantanées dans le processus, comme son commencement. Comme c'est le cas pour ca et bu'u, ils s'étendent en fait légèrement dans le passé et le futur de cet instant, et n'ont pas besoin d'être précis.

Les deux contours d'événement instantanés les plus importants sont :

co'a = sumtcita : contour d'événement : Le bridi est à son commencement durant {sumti}
co'u = sumtcita : contour d'événement : le bridi arrive à sa fin durant {sumti}

En outre, à un certain point, l'événement est naturellement complet, mais n'est pas forcément terminé :

mo'u = sumtcita : contour d'événement : le bridi arrive à sa fin naturelle durant {sumti}

Bien que la plupart du temps, les processus s'arrête effectivement à leur fin naturelle, c'est ce qui la rend naturelle. Habituellement les trains ne sont pas en retard, habituellement les gens se contente de manger de la nourriture comestible.

Comme un processus peut-être interrompu et relancé, ces points aussi ont mérité leurs propres contours d'événements :

de'a = sumtcita : contour d'événement : le bridi est en pause durant {sumti}
di'a = sumtcita : contour d'événement : le bridi recommence durant {sumti}

En fait comme jundi signifie « x1 est attentif à x2  », de'a jundi et di'a jundi sont des façons, communes en lojban, de dire « je reviens » ( « dans le sens je m'en vais et je vais bientôt revenir » )et « je suis de retour ». Bien sûr on peut se contenter de dire les contours d'événement seuls et espérer être compris.

Finalement, on peut considérer un événement entier, du début à la fin, comme un seul instant en utilisant co'i :

penmi = x1 rencontre x2 à l'endroit x3

mi pu {ku} zi {ku} penmi lo dotco prenu {ku} {vau} - « Il y a longtemps, j'été à l'instant où je rencontrais une personne allemande ».


Leçons de lojban – leçon douze (ordres et question)

Pfiou, ces deux longues leçons avec du lojban chargé en syntaxe ont donné matière à réfléchir au cerveau. En particulier parce que c'est très différent du français. Tournons-nous donc vers quelque chose d'un peu plus léger : les ordres et les questions.

Qu'est-ce que… assis et concentré !

Puisqu'en français les ordres sont exprimés en laissant le sujet hors de la phrase, pourquoi avez-vous supposez que c'était à vous que je m'adressais, et que je ne me commandais pas moi-même, ni n'exprimais l'obligation de quelqu'un d'autre ? Parce que la langue française comprend que les ordres, de par leur nature-même, sont toujours dirigés vers le récepteur - le « tu », et que le sujet n'est donc pas nécessaire.

En lojban, l'ellipse du sujet équivaut à zo'e, cette possibilité nous est donc malheureusement inaccessible. À la place nous utilisons le mot ko, qui est la forme impérative de do. Grammaticalement et du point de vue du bridi, c'est équivalent à do, mais ça rajoute une couche de sémantique, puisque ça transforme toute proposition contenant ko en un ordre. « Fais en sorte que cette phrase soit vraie pour toi=ko ! » Pour la même raison pour laquelle on a pas besoin du sujet dans les phrases anglaises, on a pas besoin de mots de commande dérivé d'un autre sumti que do.

Comment pouvez-vous ordonner à quelqu'un de partir loin et pour longtemps (en utilisant klama comme unique selbri ?)

Réponse : ko ve'u ze'u klama

(.i za'a dai a'o mi ca co'u ciska lo fa'orma'o .i ko jimpe vau .ui) - regarder ciska et essayez de comprendre.

Les questions en lojban son très facile à apprendre. Il y en a deux sortes : Remplissez le blanc, et les questions « vrai ou faux ». Commençons avec les questions de type « vrai ou faux » - c'est assez accessible, vu que cela ne fait intervenir qu'un seul mot, xu.

xu fonctionne comme un attitudinal en ceci qu'il peut se mettre partout et qu'il s'applique au mot (ou à la construction) précédent. Il transforme alors la phrase en une question, demandant si c'est vrai ou non. Pour répondre par l'affirmative, vous répetez simplement le bridi :

xu ve'u zdani do .i ve'u zdani mi, ou bien vous répetez uniquement le selbri, qui est le bridi privé de tous ses sumti et tous ses temps: zdani.

Il y a une façon encore plus facile de confirmer en utilisant un brika'i, mais ce sera pour une autre fois. Pour répondre « non » ou « faux », vous répondez simplement avec la négation du bridi. Ceci aussi est laissé pour plus tard, mais nous reviendrons aux façons de répondre aux questions d'ici là.

L'autre genre est « remplir le blanc ». Ici vous demandez que le mot-question soit remplacé par une construction qui rende le bridi correct. Il existe plusieurs de ces mots, selon ce sur quoi vous questionnez :

ma = demande le sumti
mo = demande le selbri
xo = demande le nombre
cu'e = demande le temps

Et bien d'autres. Pour questionner sur un sumti, vous placez donc simplement votre mot de questionnement là où vous voulez votre réponse : do dunda ma mi- demande de remplir le x2 avec un sumti correct. « Tu me donnes quoi ? ». La combinaison sumtcita + ma est en effet très utile :

mu'i- sumtcita : motivé par l'abstraction de {sumti}

.oi do darxi mi mu'i ma- « Aïe, pourquoi me frappes-tu ?! »

Essayons-en une autre. Cette fois, vous traduisez :

.ui dai do ca ze'u pu mo

Réponse : « Tu es heureux, qu'as-tu fais tout ce temps jusqu'à maintenant ? ». Techniquement, cela peut aussi vouloir dire « qu'étais-tu ? », mais répondre par .ua nai li'a remna (Ben, humain, évidemment) c'est juste une façon d'être volontairement affreusement pénible.

Comme le ton de la voix et la structure des phrases n'indique pas qu'une phrase est ou n'est pas une question, il vaut mieux ne pas rater le mot de questionnement. C'est pourquoi, puisque les gens ont tendance à se concentrer plutôt sur les mots au début et à la fin des phrases, ça vaut généralement le coût de réordonner la phrase de façon à ce que les mots de questionnement se retrouvent à ces places là. Si ce n'est pas faisable, pau est un attitudinal indiquant que la phrase est une question. À l'inverse, pau nai indique explicitement qu'une question est rhétorique.

Tant qu'on est sur le sujet des questions, il est pertinent de mentionner le mot kau, qui est un marqueur signalant « question indirect ». Mais alors, c'est quoi une question indirecte ? Bon, regardez cette phrase : mi djuno lo du'u ma kau zdani do - « Je sais ce qu'est ta maison ».

djuno = x1 sait que les faits x2 sont vrais à propos de x3 selon l'épistémologie x4

On peut le voir comme la réponse à la question ma zdani do. Plus rarement, on peut étiquetter un mot qui n'est pas un mot de questionnement avec kau, auquel cas on peut toujours l'imaginer comme la réponse à une question : mi jimpe lo du'u dunda ti kau do - « Je sais ce qui t'a été donné, c'est ceci ».


Leçons de lojban – Leçon treize (morphologie et classes de mots)

Retour à une matière plus consistante (et intéressante)

Si vous ne l'avez pas déjà fait, je vous suggère fortement de trouver l'enregistrement en lojban intitulé « Story Time with Uncle Robin », ou d'écouter quelqu'un parler lojban avec Mumble, et d'exercer votre prononciation. Avoir une conversation en lojban dans votre tête n'est bon que si elle ne se fait pas avec de mauvais sons, et apprendre la prononciation depuis l'écrit est difficile. Par conséquent, cette leçon ne portera pas sur les sons du lojban, aussi importants soient ils, mais sur une courte introduction à la morphologie du lobjan.

Qu'est ce que la morphologie ? Le mot est issu de la signification grecque "l'étude des formes", et dans ce contexte, nous parlons de comment nous formons des mots à partir de lettres et de sons, au contraire de la syntaxe - comment nous formons des phrases avec des mots. Le lobjan utilise différentes classes morphologiques de mots, qui sont toutes définies par leur morphologie. Pour que tout soit simple et systématique quand même, les mots ayant certaines fonctions ont tendance à être groupés par classes morphologiques, mais il peut y avoir des exceptions.

<tab class=wikitable> Classe Signification Défini par Fonction typique Mots : brivla mot bridi Il y a un groupement de consonnes parmi les 5 premières lettres (sans compter les « ' ». Termine par une voyelle. Par défaut, agit comme un selbri. A toujours une structure de position. gismu Mot racine 5 lettres avec la forme CVCCV ou CCVCV Une à cinq position pour des sumti. Couvre les concepts de base. lujvo Mot composé. Dérivé de « lujvla » signifiant « mot complexe ». Au moins 6 lettres. Créé par l'enchainement de rafsi, avec des lettres de liaison si besoin. Couvre des concepts plus complexes que les gismu. fu'ivla Mot emprunté Comme brivla, mais sans respecter les critéres définis pour les gismu ou les lujvo, ex : angeli Couvre des concepts uniques comme des noms de lieus ou d'organismes. cmevla Nom propre Commence et fini par une pause (point). Le dernier son/lettre est une consonne. Agit toujours comme un nom ou comme le contenu d'une citation. cmavo Mot de grammaire. De « cmavla » signifiant « petit mot » Zéro ou une consonne, toujours au début. Termine par une voyelle. Fonctions grammaticales. Variées. Morceaux de mots : Rafsi Affixe CCV, CVC' CV'V, -CVCCV, CVCCy- ou CCVCy- Pas de vrai mots, mais ils peuvent être combinés pour former des lujvo. </tab>

Les cmevla sont très facile à identifier, car ils commencent et finissent par une pause, signalée à l'écrit par un point, et la dernière lettre est une consonne. Les cmevla ont deux fonctions : ils peuvent agir comme nom propre, s'ils sont préfixés par l'article la (expliqué dans la prochaine leçon), ou ils peuvent agir comme contenu d'une citation. Comme déjà vu, on peut marquer l'accentuation dans un nom en écrivant en capitale les lettres qui sont accentuées. Des exemples de cmevla : .io'AN. (Johan), .mat. (Matt) et .luitciMIN. (Lui-Chi Min). Les noms qui ne finissent pas par une consonne doivent en ajouter une : .evyn. (Eve), ou (probablement mieux dans ce cas) en retirer une : .ev.

Les brivla sont appelés " mots bridi " parce qu'ils sont par défaut des selbri, en conséquence presque tous les mots lojban avec une structure de position sont des brivla Ça leur a aussi valu le surnom français de « mots de contenu ». C'est à peu près impossible de dire quoi que ce soit d'utile sans brivla, et presque tous les mots pour des concepts hors de la grammaire lojban (et même la plupart des mots pour des choses dans le langage) sont des brivla. Comme la table le montre, il y a trois catégories de brivla :

Les gismu sont les mots-racines du langage. Il n'en existe qu'environ 1450, et très peu de nouveaux sont ajoutés. Ils couvrent les concepts les plus basiques tels que « cercle », « ami », « arbre » et « rêve ». zdani, pelxu et dunda en sont quelques exemples.

Les lujvo se construisent en combinant des rafsi (voir plus bas rafsi), qui représentent des gismu. En combinant des rafsi, on restreint la signification du mot. Les lujvo sont produits par un algorithme sophistiqué, faire des lujvo valides à la volée est donc preque impossible, à quelques exceptions près comme selpa'i, de se prami, qui ne peut avoir qu'une définition. Au lieu de ça les lujvo sont fait une fois pour toutes, leurs structures de position définie, et ensuite cette définition est officialisée par le dictionnaire. Parmi les lujvo il y a des brivla (mots-bridi) comme cinjikca (sexuel-socialisation = flirt) ou cakcinki (coquille-insect = scarabée).

Les fu'ivla sont faits en fabriquant des mots qui correspondent à la définition des brivla, mais pas à celles des lujvo ou des gismu. Ils ont tendance à couvrir des concepts difficiles à transcrire par des lujvo, comme les noms d'espèces, les nations ou des concepts très spécifiques à une culture. On trouve, par exemple, gugdrgogurio (la Corée) , cidjrpitsa (pizza) ou angeli (ange).

Les cmavo sont de petits mots avec zéro ou une consonne. Ils ont tendance à ne rien représenter dans le monde extérieur, et à n'avoir qu'une fonction grammaticale. Il y a des exceptions, et savoir à quel point les attitudinaux existent pour leur fonction grammaticale est sujet à débats. Les mots de la classe GOhA qui agissent comme des brivla sont un autre exemple bizarre. Il est correct d'enchaîner plusieurs cmavo à la suite pour former un mot, mais nous ne le ferons pas dans ces leçons. Néanmoins, en groupant certains cmavo en unités fonctionelles, c'est parfois plus facile à lire. Ainsi, .uipuzuvukumi citka est correct, et s'analyse et se comprend comme .ui pu zu vu ku mi citka. Comme avec les autres mots lojban, on devrait (mais on a pas toujours besoin) placer un point devant chaque mot commençant par une voyelle.

Les cmavo de la forme xVV, CV'VV et V'VV sont expérimentaux, et sont hors de la grammaire formelle, mais ils ont été ajouté par des lojbanistes pour répondre à un certain usage.

Les rafsi ne sont pas des mots lojban et ne peuvent jamais apparaître seuls. Néanmoins, on peut combiner plusieurs rafsi (strictement plus d'un) pour former un lujvo. Ceux-là doivent encore obéir à la définition des brivla, par exemple lojban est invalide parce qu'il finit par une consonne (ce qui en fait un cmevla), et ci'ekei est invalide parce qu'il ne contient pas de groupement de consonne et se lit donc comme deux cmavo écrits comme un seul mot. Souvent, une chaîne de 3-4 lettres est à la fois un cmavo et un rafsi, comme zu'e qui est à la fois le mot de la classe BAI et le rafsi pour zukte. Remarquez qu'il n'y a pas de situation dans laquelle les cmavo et les rafsi sont tous deux grammaticalement corrects, et ils ne sont donc pas considérés comme homophones. Tous les gismu peuvent servir de rafsi s'ils sont préfixés par un autre rafsi. Les quatre premières lettres d'un gismu suffixées avec un " y " peuvent aussi agir comme rafsi, si elles sont suffixées par un autre rafsi. La voyelle " y " ne peut apparaître que dans des lujvo ou des cmevla. Les combinaisons de lettres valides pour un rafsi sont : CVV, CV'V, CCV, CVCCy-, CCVCy-, -CVCCV et -CCVCV.

En utilisant ce que vous savez, vous devriez pouvoir réussir le test que je vous présente :

Classez chacun des mots suivants en tant que cmevla (C), gismu (g), lujvo (l), fu'ivla (f) ou cmavo (c) :

<tab class=wikitable> A ) jai G ) mumbl B ) .irci H ) .i'i C ) bostu I ) cu D ) xelman J ) plajva E ) po'e K ) danseke F ) djisku L ) .ertsa </tab>

Réponse : a-c, b-f, c-g, d-C, e-c, f-l, g-C, h-c, i-c, j-l, k-f, l-f. J'ai laisser tomber les points avant et après les noms pour que ce ne soit pas trop facile. Remarque : certains de ces mots, comme bostu n'existe pas dans le dictionnaire, mais ça n'a pas d'importance. La morphologie en fait quand même un gismu, donc c'est juste un gismu sans définition. De même pour .ertsa.

Leçons de lojban – Leçon quatorze (les sumti lojbans 1 : LE et LA)

Si vous avez lu et compris le contenu de toutes les leçons jusqu'à présent, vous avez accumulé une assez grande connaissance du Lojban pour que l'ordre dans lequel vous apprenez le reste n'ait pas d'importance. En conséquence, l'ordre des prochaines leçons sera un mélange de tri par difficulté croissante et par importance dans la conversation lojbane de tous les jours.

L'une des plus grosses contraintes pour votre expression maintenant est votre connaissance limitée sur la façon de construire des sumti. Pour l'instant, vous ne connaissez que ti et lo SELBRI , ce qui ne vous ménera pas loin étant donnée l'importance des sumti en lojban. Cette leçon, comme les deux suivantes, portera sur les sumti lojbans. Pour l'instant, nous nous concentrerons sur les sumti descriptifs, ceux construits avec des articles comme lo.

Les articles s'appellent gadri en lojban, et tous ceux discutés dans cette leçon se terminent avec ku, à l'exception des combinaisons la CMEVLA, lai CMEVLA et la'i CMEVLA. Nous commencerons par décrire trois types simples de sumti descriptifs, puis nous découvrirons aussitôt qu'ils ne sont pas si simples en fait :

lo = gadri : Factuel générique « convertit un selbri en sumti ». Le résultat est flou en ce qui concerne l'individualité/groupement.
le = gadri : Descriptif générique « convertit un selbri en sumti ». Le résultat est flou en ce qui concerne l'individualité/groupement.
la = gadri : Artcile nommant : Conventionnel, « convertit un selbri ou un cmevla en sumti ». Traitez le résultat comme un/des individu(s).

Vous êtes déjà familier avec lo et ce qu'il fait. Mais qu'est-ce que ça signifie, « factuel » et « flou en ce qui concerne l'individualité/groupement » ? Le second à propos des individus et des groupements, j'y reviendrais plus tard. Pour l'instant, « factuel » dans ce contexte signifie que pour pouvoir être étiquetée comme lo klama une chose doit effectivement klama. Donc les gadri factuels énonce une proposition qui peut-être vrai ou fausse - que l(es)'objet(s) en question sont effectivement le x1 du selbri suivant lo.

Cela peut-être contrasté avec le, qui est descriptif, et donc pas factuel. Dire le gerku signifie que vous avez un ou plusieurs objets spécifiques en tête, et que vous utilisez le selbri gerku pour les décrire, de sorte que le récepteur puisse identifier ces objets spécifiques. Cela signifie que le a deux différences majeures avec lo : d'abord, il ne peut pas faire référence à des objets en général, mais toujours à des objets spécifiques. Ensuite, alors que lo gerku est définitivement un ou plusieurs chiens, le gerku peut-être n'importe quoi tant que le locuteur pense que la description aide à identifier les bons objets. Peut-être que le locuteur fait référence à une hyène, mais n'étant pas familier avec elles, il pense que « chien » est une approximation assez bonne pour être comprise. Cet aspect non factuel est peut-être trop mis en avant dans beaucoup de texte. La meilleure façon de décrire un chien est souvent de le décrire comme étant un chien, et à moins qu'il y ait de bonnes raison de ne pas le faire, le gerku sera généralement supposé faire référence à quelque chose qui est aussi lo gerku.

Dans une traduction, lo gerku devient généralement « un chien » ou « des chiens », alors que le gerku devient « le chien » ou « les chiens ». Une traduction encore meilleure pour le gerku serait « le(s) « chien(s) » ».

la est le dernier des trois gadri basiques, le gadri qui nomme, que j'ai, de façon peu conventionnelle, appelé « conventionnel ». Ce que je veux dire par là c'est qu'il n'est ni descriptif, ni factuel, puisqu'il fait référence à un nom propre. Si en anglais j'appelle quelqu'un nommé Innocent par son nom, je ne le décrit pas comme innocent ni n'annonce qu'il l'est. J'annonce simplement que par convention, ce selbri ou ce cmevla fait référence à cet objet. Remarquez que la et les gadri qui en dérivent peuvent convertir les cmevla en sumti au contraire des autres gadri. Attention : d'autres textes ne mentionnent pas le fait que les noms peuvent être formé à partir de selbri ordinaire en utilisant le gadri la. Mais ces hérétiques doivent brûler, les noms selbri sont bien comme ils sont, et bien de fiers lojbanistes en portent.

la, comme lai et la'i sont un peu excentriques, puisque ils marquent toujours le début d'un nom. À la différence des autres gadri, tout ce qui peut-être grammaticalement placé après la et ses frères est considéré comme faisant parti du nom. Par exemple, le mi gerku c'est « mon chien », mais la mi gerku c'est quelqu'un nommé « Mon Chien ».

À ces trois gadri de base trois autres peuvent être ajoutés, qui correspondent aux précédents :

loi = gadri : Factuel « convertit un selbri en sumti ». Traitez le résultat comme une/des masse(s).
lei = gadri : Descriptif « convertit un selbri en sumti ». Traitez le résultat comme une/des masse(s).
lai = gadri : Article nommant : Conventionnel, « convertit un selbri ou un cmevla en sumti ». Traitez le résultat comme une/des masse(s).

Ce sont les mêmes dans tous les aspects sauf un : ils traitent explicitement les sumti comme des masses. Et c'est là que la distinction entre individus et masses devient importante. S'il n'y a qu'un objet en jeu, un individu ou une masse constituée d'un sel objet sont équivalents. La différence entre ces deux concepts réside dans l'application des selbri, soit à un groupe d'individus, soit à une masse. Un groupe d'individu peut-être décrit comme vérifiant un selbri particulier, si et seulement si tous les membres du groupe vérifient le selbri individuellement. C'est correct de décrire une meute de lo gerku, considérés individuellement, comme étant noire, si pour chacun des chiens, il est vrai qu'il est noir. La masse d'un autre côté, ne vérifie que les selbri que ses composants vérifient en tant qu'ensemble, en tant qu'équipe pour ainsi dire. Quoi qu'il en soit, tous les membres d'une masse loi gerku doivent être des chiens pour que loi soit applicable. La notion de « masses » est sophistiquée, et nécessitent quelques exemples pour visualiser les propriétés qu'elle peut avoir :

sruri = x1 borde/encercle/entoure x2 dans la ligne/le plan/les directions x3

lei prenu cu sruri lo zdani - « Les personnes entourent la maison. » est plausible, même si, les blagues « Ta mère mises de côté, il est complètement inenvisageable que ce soit vrai pour n'importe quel membre unique. Une analogie française pourrait être : « Les humains ont vaincu la variole au vingtième siècle ». Certes aucun humain n'a fait ça, mais la masse des humains l'a fait, et cela rend la phrase vraie en fançais, ainsi qu'en lojban si « les humains » sont une masse. Comme la masse lojbane, la masse française « les humains » ne peut faire référence qu'à des individus, chacun étant humain. Un autre exemple :

mivysle = x1 est une cellule biologique de l'organisme x2
remna = x1 est un(e) humain(e)

loi mivysle cu remna - « Une/des masse(s) de cellules sont des humains ». Encore une fois, aucune des cellules n'est un humain. En effet les cellules ont très peu de traits humains, mais les cellules considérées comme un tout font un être humain.

Une masse avec lei, comme lei gerku, fait référence à une masse formée par un groupe d'individus spécifiques, le locuteur désignant chacun d'entre eux comme le gerku.

Les noms de masses comme décrit par lai ne sont appropriés que si le groupe en tant qu'ensemble est nommé ainsi, et non si seulement des membres quelconques le sont. Il peut cependant être utilisé si le bridi n'est vrai que pour une fraction de ce groupe.

Il est important de se rappeler que lo et le peuvent être utilisés pour décrire soit des individus soit des groupes. Imaginons qu'un groupe de chien, considéré en tant que masse, ait besoin d'une description. Je peux le décrire soit comme loi soit comme lo gerku. Si j'utilise lo, cela me permet d'affirmer correctement quelque chose qui semble être une contradiction, mais n'en est pas vraiment une : lo gerku na gerku - « quelques chiens ne sont pas des chiens ». Puisque ils sont considérés comme une masse de chien, les chiens considérés dans leur ensemble ne sont pas un chien, mais plutôt une meute de chien.

Vous avez pu remarquer qu'il n'y a pas de mots qui convertissent sans ambiguïté un selbri en individu(s). Afin d'être explicite sur l'individualité, on a besoin de lo le ou la avec un quantificateur externe. Le sujet des quantificateurs sera étudié plus tard, dans la leçon vingt-deux. Pour quelle raison lo et le sont vague et non explicitement individualisant ? C'est parce que leur imprécision leur permet d'être utilisés dans tous les contextes, sans que le locuteur doive se préoccuper de savoir si ce dont il parle se comporte comme une masse ou comme un groupe d'individus.

Troisièmes dans cette liste, il y a les trois gadri pour former des ensembles :

lo'i = gadri : factuel « convertit un selbri en sumti ». Traite le résultat comme un ensemble.
le'i = gadri : Descriptif « convertit un selbri en sumti ». Traite le résultat comme un ensemble.
la'i = gadri : Article nommant : Conventionnel, « convertit un selbri ou un cmevla en sumti ». Traite le résultat comme un ensemble.

Contrairement aux groupes d'individus, ou, parfois aux masses, les ensembles ne prennent aucunes des propriétés des objets à partir desquels ils sont formés. Un ensemble est une construction purement mathématique, ou logique, il a des propriétés comme le cardinal, l'appartenance et l'inclusion ensembliste. Encore une fois, notez la différence entre un ensemble de choses et les choses dont l'ensemble est formé :

tirxu = x1 est un tigre/léopard/jaguar de l'espèce/race x2 avec les marques x3 sur la fourrure

lo'i tirxu cu cmalu ne dit rien sur le fait que les gros chats sont petits ( ce qui, par ailleurs, est évidemment faux ), mais dit plutôt que l'ensemble des gros chats est petits, c'est-à-dire qu'il y en a peu.

Finalement, il y a les (seulement deux) gadri de généralisation :

lo'e - gadri : factuel « convertit un selbri en sumti ». Le sumti fait référence à l'archétype de lo {selbri}.

le'e = gadri : Descriptif « convertit un selbri en sumti ». Le sumti fait référence à l'archétype décrit ou perçu de le {selbri}.

Il n'y a pas d'équivalent de ces deux là, qui soit dérivé de la.

Bon, qu'est-ce que ça veut vraiment dire l'archétype ? Pour lo'e tirxu, c'est un gros chat imaginaire idéalisé, qui a toutes les propriétés qui représentent le mieux les gros chats. Ce serait faux de dire que cela inclus avoir une fourrure rayée, car un sous-groupe important des membres de l'ensemble des gros chats n'a pas de fourrure rayée, comme les léopards ou les jaguars. De la même façon, l'humain typique ne vit pas en Asie, même si beaucoup d'humains y vivent. Néanmoins, si suffisamment d'humains ont une propriété, par exemple être capable de parler, nous pouvons dire :

kakne = x1 est capable de faire/être x2 dans les circonstances x3

lo'e remna cu kakne lo nu tavla - « l'être humain typique peut parler ».

le'e maintenant est l'objet idéal comme perçu ou décrit par le locuteur. Ce n'est peut-être pas factuellement exact, et c'est souvent traduit par le « stéréotype », même si l'expression anglaise a quelques connotations négatives déplaisantes, ce que le lojban n'a pas. En fait, chacun a une image archétypique et stéréotypique de chaque catégorie. En d'autres termes, lo'e remna est l'archétype qui représente le mieux tous lo remna, alors l'archétype le'e remna représente le mieux tous le remna.

Les onze gadri sont représentés dans le diagramme ci-dessous.

<tab class=wikitable> Générique Masses Ensembles Généralisation Factuel loi lo'i lo'e Descriptif lei le'i le'e Nom la lai la'i n'existe pas </tab>

Remarque : anciennement, il y avait un mot, xo'e pour le gadri générique. Néanmoins, les règles et les définitions des gadri ont été changés fin 2004, et l'ensemble de règles actuel sur ce sujet, surnommé « xorlo » a remplacé les anciennes règles. Maintenant, lo est générique et xo'e est utilisé comme un chiffre non spécifié ( leçon dix-neuf ).

Leçons de lojban – Leçon quinze (les sumti lojbans 2: KOhA3, KOhA5 et KOhA6)

Regardez ce qu'il se passe si j'essaye de traduire la phrase : « Les gens stéréotypés qui peuvent parler lojban parlent entre eux des langues qu'ils peuvent parler.»

bangu = x1 est un langage utilisé par x2 pour exprimer x3 (abstraction)

le'e prenu poi ke'a kakne lo nu tavla fo la .lojban. cu tavla le'e prenu poi ke'a kakne lo nu tavla fo la .lojban. lo bangu poi lo prenu ke'a tavla fo la .lojban. cu se bangu ke'a

Ce que nous voyons c'est que la version lojban est bien plus longue que l'anglaise. C'est principalement parce que le premier sumti, ridiculement long, est encore répété deux fois dans le texte lojban, alors que l'anglais peut y renvoyer par « eux » et « ils » - beaucoup plus efficacement. Ne serait-ce pas astucieux si le Lojban avait, d'une manière ou d'une autre, des mécanismes pour faire la même chose?

Il se trouve qu'il en possède, quelle surprise ! Le lojban a une série de mots appelés "sumka'i", c'est à dire « représentant des sumti ». En français, on s'y réfère en tant que « pro-sumti », parce qu'ils agissent essentiellement comme les pronoms français, mais avec des sumti au lieu des noms. En fait, vous connaissez déjà ti, do et mi, mais il y en a bien d'autres, apprenons-les donc. D'abord, nous voulons en faire un système. Nous pouvons commencer par ceux les plus proches du français, et que vous avez déjà appris.

ti = sumka'i : 'ça' tout près : représente un sumti présent physiquement près de l'orateur.
ta = sumka'i : 'ça' proche : représente un sumti à quelque distance de l'orateur OU près de l'interlocuteur.
tu = sumka'i : 'ça' lointain : représente un sumti se trouvant physiquement loin de l'orateur et de l'interlocuteur.

Vous pouvez reconnaître la séquence « i, a, u » qui revient encore et encore. Certaines choses doivent néanmoins être éclaircies. Premièrement, ces sumti peuvent représenter n'importe quoi dont on peut dire qu'il occupe un espace physique. Des objets, certainement. Des idées, certainement pas. Les événements sont acceptés, sous réserve qu'ils prennent place dans un endroit délimité - la révolution de Jasmin ne peut pas être pointé du doigt, mais certaines bagarres de bar ou baisers peuvent l'être. Deuxièmement, remarquez que la distance est relative à différentes choses pour les différents mots : tu ne s'applique que si c'est loin à la fois du locuteur et du récepteur. Dans les cas où le locuteur et le récepteur sont très éloignés, et que le récepteur ne peut pas voir le locuteur parler, ta fait référence à quelque chose de proche du récepteur. Troisièmement, c'est relatif et dépendant du contexte. Ces trois mots sont tous problématiques à l'écrit, par exemple parce que la position du locuteur est inconnue du récepteur et vice versa, et elles changent au cours du temps. De plus, l'auteur d'un livre ne peut pointer du doigt un objet et transcrire le geste dans le livre.

Ensuite il y a une séries appelée KOhA3, à laquelle mi et do (et ko, mais je ne vais pas en parler ici) appartiennent :

mi = sumka'i : Le narrateur
mi'o = sumka'i : La masse composée du/des locuteur(s) et du/des récepteur(s).
mi'a = sumka'i : La masse composée du/des locuteur(s) et d'autres.
ma'a = sumka'i : La masse composée du/des locuteur(s), du/des récepteur(s) et d'autres.
do = sumka'i : Le(s) récepteur(s).
do'o = sumka'i : La masse composée du/des récepteur(s) et d'autres.

Ces six sumka'i s'appréhendent plus facilement dans le diagramme de Venn ci-dessous :

display3.png

Diagramme de Venn de KOhA3 (sans ko). le drata n'est pas un membre de KOhA3, mais signifie « le(s) autre(s) ».

Il est possible que plusieurs personnes soient « les locuteurs », si une déclaration est faite en leurs noms à toutes. En conséquence, alors que « nous » peut se traduire par mi, mi'o, mi'a ou ma'a, ce qu'on veut dire le plus souvent c'est juste mi. Chacun de ces six mots, s'il fait référence à plus d'un individu, représente une masse. Dans la logique des bridi, le bridi mi gleki dit par le locuteur A est exactement équivalent à do gleki dit par le locuteur B au locuteur A, et sont considérés comme le même bridi. Nous y reviendrons plus tard, dans la leçon sur les brika'i (pro-bridi).

Tous ces sumka'i sont très dépendant de leur contenu, et ne peuvent être utilisé, par exemple, pour nous aidé avec la phrase de départ de cette leçon. La série suivante peut, en principe, être utilisée pour faire référence à n'importe quel sumti :

ri = sumka'i : Dernier sumti mentionné
ra = sumka'i : Un sumti récent, mais pas le dernier mentionné
ru = sumka'i : Un sumti mentionné il y a longtemps

Ces sumti vont faire référence à n'importe quel sumti terminé, exception faite de la plupart des autres sumka'i. La raison pour laquelle la plupart des autres sumka'i ne peuvent pas être ciblés par ces sumti est qu'ils sont très facile à simplement répéter en l'état. Les exceptions à la règle, sont ti, ta et tu, parce que vous pouvez vous être mis à pointer autre chose, et donc ne plus pouvoir juste répéter le mot. Ils vont seulement faire référence à des sumti terminés, et donc ne pourront pas, entre autres, être utilisés pour faire référence à une abstraction si le mot est dans cette abstraction : le pendo noi ke'a pendo mi cu djica lo nu ri se zdani - ici ri ne peut pas faire référence à l'abstraction, puisqu'elle n'est pas terminée, ni à mi ou ke'a, puisque ce sont des sumka'i, donc ri fait référence à le pendo.

Ce à quoi ra et ru référent dépend du contexte, mais ils suivent les règles mentionnées plus haut, et ru fait toujours référence à un sumti plus lointain que ra, qui est toujours plus distant que ri.

ri et ses frères sont plutôt bien adaptés pour s'occuper de la phrase originale. Essayé de la dire en utilisant deux exemples de sumka'i !

Réponse : le'e prenu poi ke'a kakne lo nu tavla fo la .lojban. cu tavla ru lo bangu poi ru cu se bangu ke'a. ri n'est pas correct, parce qu'il ferait référence à la .lojban.. ra pourrait être utilisé, mais on pourrait croire par erreur qu'il fait référence à lo nu tavla fo la .lojban., alors que ru est supposé référé au sumti le plus lointain - le plus extérieur.

Finalement, il y a des sumtcita qui représentent les paroles : Appelés variables de paroles. Ils n'ont pas besoin d'être restreints à une phrase (jufra), et peuvent être constitués de plusieurs phrases, si le contexte le permet :

da'u = Variable de parole : Déclaration passée distante
de'u = Variable de parole : Déclaration récente
di'u = Variable de parole : Déclaration précédente
dei = Variable de parole : Cette déclaration
di'e = Variable de parole : Prochaine déclaration
de'e = Variable de parole : Déclaration future proche
da'e = Variable de parole : Déclaration future éloignée
do'i = Variable de parole : Variable de parole non spécifiée : « Une déclaration »

Ils représentent les déclarations comme des sumti, et ne font référence qu'aux mots prononcés ou aux lettres, pas au sens qu'il y a derrière.

Il y a d'autres sumka'i lojbans, mais pour l'instant vous avez sûrement besoin d'une pause en ce qui les concerne. La prochaine leçon sera sur les sumti dérivés, les sumti fait à partir d'autres sumti.


Leçons de lojban – Leçon seize (les sumti lojbans 3 - sumti dérivés)

Vous pouvez probablement voir que le sumti le bangu poi mi se bangu ke'a est une expression peu élégante pour « mon langage ». C'est parce que c'est une sacrée périphrase. Un langage que je parle peut être dit pour rendre compte du x1 du bridi bangu mi. Nous ne pouvons pas convertir cela en un sumti en utilisant un gadri : le bangu {ku} mi est composé de deux sumti, parce que bangu mi est un bridi et non pas un selbri. Nous ne pouvons pas non plus utiliser le su'u pour le convertir, parce que le su'u donne au bridi un nouveau x1, l'abstraction, que le extrait alors. Cela donne un sumti abstrait signifiant quelque chose de l'ordre de « ce quelque chose est mon langage ».

Voyons be. be est un mot qui relie des constructions (sumti, sumtcita et autres) à un selbri. L'utiliser dans des selbri ordinaires n'a aucun effet : dans mi nelci be do le be ne fait rien. Cependant quand un sumti est lié à un selbri de cette façon, vous pouvez utiliser un gadri sur le selbri sans diviser le sumti : le bangu be mi est une solution correcte au problème ci-dessus. De même vous pouvez attacher un sumtcita : le nu darxi kei be gau do : « l'évènement du coup, qui est causé par vous ». Notez que la présence ou l'absence du kei engendre une analyse syntaxique différente : avec le fa'orma'o présent be est lié à nu, sans le fa'orma'o il est lié à darxi. Cela décide donc de ce qui est souligné : est-ce le coup ou l'évènement qui est causé par vous? Quoique, dans ce cas précis, ce soit à peu près la même chose.

Qu'en est-il si je désire lier plusieurs sumti à un selbri à l'intérieur d'un gadri ? « Celui qui t'a donné la pomme » est le dunda be lo plise be do. Est-ce correct? Non. Le second be relie à « la pomme » signifiant le plise be do - la pomme de la variété de toi, ce qui n'a pas de sens. Pour relier plusieurs sumti à un selbri, tous ceux qui suivent le premier doivent être liés avec bei. L'ensemble des liaisons peut être terminé par be'o - une occurrence de be'o pour chaque selbri qui a des sumti liés par be.

Pour les lister :

be = relie un sumti ou un sumtcita à un selbri.
bei = relie un second, un troisième, un quatrième (ect...) sumti ou sumtcita à un selbri
be'o = termine l'ensemble des liaisons au selbri.

Il y a aussi moyen d'associer librement un sumti à un autre. pe et ne sont utilisés pour les associations limitatives et non limitatives. En fait, le bangu pe mi est la meilleure traduction de « mon langage » puisque cette formule, comme en français, reste imprécise concernant la façon dont les deux sont en relation l'un avec l'autre.

pe et ne sont utilisés pour les associations libres uniquement, comme pour dire « ma chaise » à propos d'une chaise sur laquelle vous êtes assis. Elle n'est pas à proprement parler à vous, mais elle a quelque chose à voir avec vous. Une connexion plus intime peut être exprimée avec po qui marque une association unique et forte avec une personne comme pour « ma voiture » à propos d'une voiture qui vous appartient effectivement. Le dernier genre d'agent de liaison est po'e qui marque un lien qu'on peut dire « inaliénable » entre sumti, signifiant que le lien est inné entre les deux sumti. Par exemple cela peut être « ma mère », « mon bras » ou « mon pays d'origine »; aucune de ces « possessions » ne peut être perdue (même si vous vous coupez le bras, ça reste votre bras) elles sont donc inaliénables. Cependant, dans presque tous les cas où po'e est approprié, le x2 du selbri contient ce avec quoi le x1 est connecté, donc l'emploi de be est plus adapté.

ne = phrase relative non limitative. "Qui est associé à ..."
pe = phrase relative limitative. "Qui est associé à ..."
po = phrase relative possessive. "Qui est spécifique à ..."
po'e = phrase relative inaliénable. "Qui appartient à ..."

Une construction très utile est {gadri} {sumti} {selbri}. Elle est équivalent à {gadri} {selbri} pe {sumti}. Par exemple le mi gerku est équivalent à le gerku pe mi. On peut avoir un sumti descriptif à l'intérieur d'un sumti descriptif, disant le le se cinjikca be mi ku gerku = le gerku pe le se cinjikca be mi = « le chien de l'homme avec lequel je flirte », mais cela n'est pas facile à lire (ou à comprendre en cours de conversation), et cette forme est souvent évitée.

Il est aussi nécessaire d'apprendre tu'a, car il rend la construction de beaucoup de phrases bien plus simple. Il se rattache à un sumti et le convertit en un autre sumti - une abstraction non spécifiée qui a quelque chose à voir avec le premier sumti. Par exemple, je peux dire mi djica lo nu mi citka lo plise, ou bien je peux laisser le contexte éclairer quelle abstraction je désire à propos de la pomme et juste dire mi djica tu'a lo plise. On doit toujours deviner quelle abstraction le locuteur évoque en utilisant tu'a SUMTI, aussi il ne doit être utilisé que lorsque le contexte rend la déduction facile. Un autre exemple :

gasnu = x1 fait x2 (volonté non impliquée)

za'a do gasnu tu'a lo skami - je vois que tu fais que l'ordinateur fait quelque chose. Officiellement, tu'a SUMTI est équivalent à le su'u SUMTI co'e Vague, mais utile. Dans certaines situations vous ne pouvez pas utiliser tu'a, bien qu'il semblerait approprié. Ces situations sont : quand je ne veux pas que le sumti résultant de l'opération soit une abstraction, mais un sumti concret. Dans ce cas, on peut utiliser zo'e pe.

tu'a convertit le sumti en une abstraction floue impliquant le sumti. Equivalent à le su'u SUMTI co'e kei ku.

Enfin, une sorte de sumti peut être transformée en une autre par les mots de la classe LAhE.

lu'a = convertit le(s) individu(s)/la masse/la série/l'ensemble en individu(s).
lu'i = convertit le(s) individu(s)/la masse/la série/l'ensemble en un ensemble.
lu'o = convertit le(s) individu(s)/la masse/la série/l'ensemble individuel(les) en masse.
vu'i = convertit le(s) individu(s)/la masse/la série/l'ensemble individuel(s) en série; l'ordre n'est pas stipulé.

L'usage de ces mots est sans surprise : les placer devant un sumti d'un certain type crée un nouveau sumti d'un nouveau type Remarquez cependant, qu'une quatrième sorte de sumti, la suite, a été introduite. Cela n'est pas utilisé très souvent, (il n'a pas son propre gadri, par exemple) , c'est juste signalé ici pour être complet.

Les deux derniers membres du groupe des LAhE n'opèrent pas de conversion entre groupes de sumti, mais permettent de parler d'un sumti juste en mentionnant quelque chose qui s'y rapporte :

Si un sumti A fait référence à un sumti B, par exemple parce que le sumti A est le titre d'un livre, ou un nom, ou une phrase (qui fait toujours référence à quelque chose, au minimum un bridi), la'e sumti A se rapporte au sumti B. Par exemple mi nelci la'e di'u pour « j'aime ce que tu viens de dire » (et non mi nelci di'u qui veut simplement dire « J'aime ta dernière phrase ») ou "la'e le cmalu noltru pour le livre " Le Petit Prince " et non pour un quelconque petit prince lui-même. Le cmavo lu'e fait exactement l'inverse - lu'e SUMTI fait référence à un objet qui fait référence au sumti.

la'e = la chose à laquelle il est fait référence par - extrait un sumti A d'un sumti B qui fait référence à A.
lu'e = la chose qui fait référence à - extrait un sumti B d'un sumti A, quand B fait référence à A.

Leçons de lojban - Leçon dix-sept (De petits mots assortis)

Et après ce troisième chapitre vous en savez un bout sur les sumti lojbans. Après une longue période d'apprentissage rigoureux et systématique, quoi de mieux que cette leçon dans laquelle je parle de mots que je n'ai pas pu, ou pas voulu introduire plus tôt ? Voici donc quelques petits mots très utiles :

Les cmavo suivants sont des mots elliptiques. Je crois que le premier ne vous est pas inconnu.

zo'e = sumti elliptique
co'e = selbri elliptique
do'e = sumtcita elliptique
ju'a = attitudinal d'évidence elliptique
do'i = variable de parole elliptique
ge'e = attitudinal elliptique

Tous agissent grammaticalement comme un cmavo du type qu'ils représentent, mais ils ne contiennent aucune information et peuvent être très pratiques si vous êtes paresseux et n'avez pas besoin de spécifier quoi que ce soit. Il y a toute fois quelques détails à éclaircir:

  • zo'e doit faire référence à quelque chose qui a une valeur non nulle. "Aucune voiture" ou "rien" par exemple ont une valeur nulle ou pas de valeur et ne peuvent donc être remplacé par zo'e. Ceci, parce que sinon n'importe quel selbri pourrait être identique à sa négation, si l'un des sumti était remplacé par un zo'e n'ayant aucune valeur.
  • ge'e ne signifie pas que vous ne ressentez aucune émotion, mais que vous ne ressentez rien qui mérite d'être mentionné sur le moment. C'est la même chose que "ça va". ge'e pei demande une émotion elliptique et est une bonne traduction pour "Comment ça va ?".
  • co'e est pratique quand on a besoin d'un selbri dans une construction pour des raisons grammaticalles, comme dans la définition de tu'a dans la leçon précédente.
  • ju'a ne change pas la valeur de vérité ou l'appréhension subjective du bridi, rien de ce genre. En fait il ne fait essentiellement rien. Quoi qu'il en soit, ju'a pei, "Sur quoi te bases-tu pour dire ça" est bien utile.
  • do'i est vraiment utile. Très souvent quand on se référence à une parole ou une conversation avec des mots comme "ça" ou "c' " , on veut do'i.

Si on attache plus de sumti à un selbri qu'il n'a d'emplacement, le dernier sumti a un sumtcita implicite do'e devant lui.

Ensuite il y a le mot zi'o avec lequel on peut remplir un emplacement pour sumti, pour le supprimer d'un selbri. lo melbi be zi'o par exemple, est simplement "Quelque chose de beau", et n'inclut pas le x2 habituel de melbi, qui est l'observateur qui juge de la beauté de quelque chose. Ca peut donc vouloir dire quelque chose comme "Objectivement beau". Cela ne signifie pas que rien ne remplit l'emplacement qui est supprimer, mais que l'emplacement lui-même n'existe plus pour le selbri.Utiliser zi'o avec un sumtcita donne des résultats étranges. Formellement, chacun devrait annuler l'autre. En pratique, ce sera probablement compris comme un moyen explicite d'indiquer que le sumtcita ne s'applique pas comme dans : mi darxi do mu'i zi'o - "Je t'ai frappé, avec ou sans raison".

Puis il y a le mot jai. C'est un de ces petits mots sympas, difficile à appréhender, mais simple à manipuler une fois qu'on les connait. Il a deux fonction similaires mais distinctes. Les deux concerne la transformation de selbri, comme se.

jai = transformation de selbri : transforme un sumtcita ou une abstraction non spécifiée en x1. Utiliser avec fai.
fai = marqueur de place d'un sumti. Fonctionne comme fa. A utiliser avec jai.

La première utilisation grammaticale qu'on peut en faire est jai {sumtcita} {selbri}. Cela change les emplacements du selbri, de telle façon que l'emplacement du sumtcita devient le x1 du selbri, et l'ancien x1 du selbri est supprimé et seulement accessible en utilisant fai, qui fonctionne comme fa. On peut le voir avec cet exemple:

gau = sumtcita (pour gasnu) "le bridi est à propos/avec l'agent actif {sumti}"

do jai gau jundi ti fai mi. - "Tu portes ceci à mon attention". Le nouveau selbri jai gau jundi, a la structure "x1 attire l'attention sur x2". x1 et x2 sont remplis par do et ti. fai est alors le marqueur de place de l'ancien x1, celui qui faisait attention, et est rempli avec mi. Ce mot peut-être vraiment pratique et a de nombreuses utilisations. Un bon exemple est les sumti descriptifs. On peut, par exemple faire référence à "la méthode de l'action volontaire" par lo jai ta'i zukte.

ta'i = sumtcita (dérivé de tadji) "bridi est accomplit par la méthode {sumti}"

Pouvez-vous déduire la phrase lojbane classique do jai gau mo signifie ?

Réponse: “Qu'est-ce que tu fais ?”

L'autre fonction de jai est plus facile à expliquer. Il transforme simplement le selbri de façon que le sumti en x1 reçoive un tu'a devant lui (ko'a jai broda = tu'a ko'a broda). En d'autres termes, jai transforme le selbri en construisant une abstraction elliptique à partir du sumti en x1, et en remplissant ensuite x1 avec l'abstraction au lieu du sumti. De nouveau, l'emplacement x1 original est accessible avec fai.

Un utilisateur très actif du canal IRC lojban dit souvent le gerku pe do jai se stidi mi, pour utiliser un exemple quelconque de sumti en x1. Que dit-il ?

stidi = x1 suggère x2 à x3

Réponse: “Je suggère (quelque chose à propos de) ton chien”

Jusqu'ici vous avez appris à transformer les bridi en selbri, les selbri en sumti et les selbri en bridi vu que les selbri sont en eux-même des bridi. Il manque une dernière fonction pour transformer les sumti en selbri. C'est le rôle du mot me. Il transforme un sumti en un selbri avec la structure "x1 fait partie de ce à quoi renvoie SUMTI".

me = transforme un sumti en selbri. x1 fait partie de ce à quoi renvoie SUMTI".

me est immensément utile afin de dire des choses telles que “une belle Chrysler”. En utilisant un tanru, comment dirait-on cela?

Réponse: lo melbi me la .kryslr.

Et pour finir 3 mots pour corriger une erreur dans son discours… Ou 3 mots lojban pour formaliser le baffouillement.

si = suppression: Efface uniquement le dernier mot.
sa = suppression: Efface jusqu'au prochain cmavo exprimé.
su = suppression: Efface le discours en entier.

La fonction de ces mots est évidente: Ils effacent les mots qui n'auraient jamais du être dit. Ils ne fonctionne pas à l'intérieur de certaines citations (Toutes sauf lu…li'u), sinon ils seraient impossible de citer ces mots. Plusieurs si à la chaîne effacent plusieurs mots (1 mot effacé pour chaque si).